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La CAQ perturbera le climat social, estime Marois

Mélanie Marquis et Nelson Wyatt - La Presse Canadienne

MONTRÉAL – L’abolition des commissions scolaires et les milliers de suppressions d’emploi que propose la Coalition avenir Québec (CAQ) promettent de plonger la province dans la confusion la plus totale, croit Pauline Marois.

«Quand on annonce d’avance qu’on va mettre la hache dans deux types d’institutions au Québec que sont nos commissions scolaires, que sont les agences de santé et de services sociaux, quand on annonce qu’on va maintenir la hausse des frais de scolarité, quand on annonce qu’on va couper 7000 emplois, moi, je crois que ça risque de perturber un petit peu le climat social», a-t-elle déclaré mardi.

La chef péquiste y est allée de cet avertissement pour tenter de dissuader les électeurs de choisir la formation de François Legault.

Ce qui est le plus «inquiétant», a lancé Mme Marois, c’est que plus on creuse le cadre financier présenté par les caquistes, plus on constate qu’il y a d’«énormes erreurs».

La chef du PQ estime ainsi qu’il est «complètement irréaliste de penser» que son adversaire puisse respecter ses 94 engagements, chiffrés à quelque 3,7 milliards $.

Il est notamment difficile à imaginer que François Legault remplisse ses promesses en matière de santé, a signalé Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), à l’issue du point de presse qu’elle venait de donner avec la leader péquiste.

Mme Laurent a soutenu qu’elle ignorait comment il sera possible que chaque Québécois ait son médecin de famille à la fin de la première année d’un régime caquiste, comme l’ont promis M. Legault et son candidat vedette, le docteur Gaétan Barrette.

«Un médecin de famille (pour tous les Québécois) en un an, je ne sais pas comment ils vont faire ça. C’est complexe, le problème du réseau de la santé, et il n’y a pas une solution qui va tout régler», a dit Mme Laurent.

Les promesses de François Legault sont-elles, par conséquent, populistes? «Je n’ose pas qualifier, mais ce n’est pas réaliste en tout cas, à ma connaissance du réseau», a répondu la présidente de la FIQ.

Pauline Marois pourra discuter de ces enjeux, et de bien d’autres, lors du duel télévisé qui l’opposera à son ancien collègue mercredi soir.

En attendant, mardi soir, ce sera à Jean Charest et à François Legault d’en découdre. En début de journée, le chef libéral a mis la table en prévision de cet affrontement en affirmant que son adversaire de la CAQ caressait secrètement le projet de déclencher un référendum sur la souveraineté du Québec.

Les allégations de M. Charest ont fait rigoler la chef du PQ. «Je vais les laisser débattre entre eux de toutes ces questions. Mais comme M. Legault change d’idée comme il change de chemise, peut-être qu’il va faire un référendum», a-t-elle dit, s’attaquant ainsi à la fiabilité du chef caquiste, tout comme le fait Jean Charest en martelant sur toutes les tribunes que son adversaire n’est «pas fiable».

Citoyenneté québécoise

Le thème de la citoyenneté québécoise s’est invité mardi dans la campagne du PQ. Pauline Marois a confirmé que si son parti était élu, il interdirait aux anglophones, aux autochtones et aux nouveaux arrivants de se présenter aux élections s’ils n’ont pas une «connaissance appropriée» de la langue française, et ce, en vertu des dispositions prévues au projet de loi 195.

La leader péquiste, qui s’était faite discrète sur cette question depuis le début de la campagne, a affirmé que même si le projet de loi ne figurait pas dans la plateforme électorale du PQ, son dépôt à l’Assemblée nationale était toujours prévu.

«Oui, on va le représenter, le projet de loi. Mais cependant, ce n’est pas pour les nouveaux Québécois: c’est pour tout le monde. Tous les citoyens du Québec qui veulent se faire élire dans une mairie comme conseiller, comme député, doivent avoir une connaissance du français», a-t-elle plaidé.

Ce projet de loi, déposé en octobre 2007, prévoit l’élaboration d’une Constitution québécoise et l’institution d’une citoyenneté québécoise. Toute personne née au Québec titulaire de la citoyenneté canadienne et toute personne née au Québec ou née à l’étranger d’un parent détenteur d’une éventuelle citoyenneté québécoise pourrait s’en prévaloir.

Mais pour qu’un nouvel arrivant obtienne cette fameuse citoyenneté, il devrait faire montre d’une «connaissance appropriée de la langue française». Sans ladite citoyenneté, une personne ne pourrait se présenter aux élections municipales, scolaires ou législatives, participer au financement public des partis politiques, ou encore adresser des pétitions à l’Assemblée nationale.

Il en va de même pour les anglophones, a exposé Pauline Marois. «Dans le cas d’un anglophone, soit-il de souche, soit-il nouvellement arrivé, écoutez: la langue commune ici, la langue officielle, c’est le français. Y a-t-il quelqu’un qui pourrait imaginer qu’on ne puisse pas posséder cette langue?»

L’idée que des anglophones et des autochtones puissent avoir à se soumettre à des tests linguistiques pour se présenter aux élections municipales est loufoque aux yeux de Kitty Gordon, porte-parole de la Société Makivik, au Nunavik, un regroupement voué à la protection de la langue et de la culture inuites.

«Je pense que c’est ridicule pour les anglophones et les autochtones. Est-ce qu’ils sont en train de dire que les Québécois étaient ici en premier et que c’est la raison pour laquelle nous devons parler français? C’est comme dire que les Inuits étaient là en premier, donc qu’il faut parler inuktitut», a-t-elle fait valoir lors d’une entrevue avec La Presse Canadienne.

La grande majorité des leaders inuits d’hier et d’aujourd’hui s’expriment en anglais et en inuktitut. Il serait ainsi difficile d’implanter les mesures préconisées par le PQ, d’après Mme Gordon. «Les générations plus jeunes parlent français, mais pas tous», a-t-elle expliqué.

Le projet de loi 195 avait suscité son lot de réactions à la suite de son dépôt. Le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) et B’nai Brith Canada l’avaient notamment qualifié de xénophobe et apparenté aux mesures préconisées par les partis d’extrême-droite européens.

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