Vaincre la dictature du miroir
«Je me suis beaucoup inquiétée du culte des apparences, une obsession qui a failli me coûter la vie», confie Léa Clermont-Dion en introduction de son documentaire introspectif Beauté fatale. Le mal qui gangrène l’industrie est tel que le gouvernement a lancé la Charte québécoise pour une image corporelle saine et diversifiée il y a tout juste cinq ans. Au quotidien, ça se soigne aussi par une bonne dose d’estime de soi. La preuve par trois initiatives qui montrent que le bonheur, c’est aussi s’accepter tel que l’on est.
Étoile montante
La Québécoise Justine LeGault est l’une des mannequins «taille plus» les plus en vue en ce moment. Parmi ses plus récents faits d’armes: l’inspirante campagne #ImNoAngel, pour la lingerie Lane Bryant. Ces photos visent à faire contrepoids (sans jeu de mots) aux clichés mettant en vedette les célèbres Angels de Victoria’s Secret.
«#ImNoAngel parce que j’ose être moi-même et que je suis fière de la génétique que ma mère m’a léguée. Ayez le courage de demeurer vous-même.» (traduction libre), a notamment écrit Justine LeGault dans les médias sociaux. Celle qui réside désormais à New York ne renie pas ses racines pour autant; elle était d’ailleurs à Montréal pour le lancement de la collection automne-hiver de Sportive Plus, marque de vêtements sport d’ici dont elle est l’égérie.
Beauté intérieure
L’image qu’on projette est souvent source d’insécurité, a observé Marie Josée Trempe, présidente de l’agence de mannequins Specs, depuis 25 ans. «Il y a toujours une certaine pression [par rapport à l’apparence] que j’ai moi-même ressentie tout au long de ma carrière», avoue-t-elle. Dans la volonté de «travailler avec le contenu plutôt que le contenant», la femme d’affaires vient d’ajouter une corde à son arc: une division coaching/conférence s’adressant «à ceux qui réalisent que ce qu’ils projettent ne concorde pas avec ce qu’ils sont». «Pour moi, être un bon agent, c’est plus que miser sur le paraître; je veux que les personnes que je représente dégagent de la confiance», explique-t-elle. État d’esprit que le grand public pourra également développer, notamment grâce aux ateliers «Je vêts bien» de Luc Breton, présentés à nouveau cet automne (dates à venir). D’autres conférenciers devraient s’ajouter au cours des prochains mois.
Deux ados, une mission
«Sois gentille avec toi-même», «Crois en toi», «Le meilleur accessoire qu’on peut posséder est la confiance en soi»: ces credos (et plusieurs autres) ont été imprimés sur des macarons et des porte-clés par deux élèves du Collège Sainte-Marcelline, à Montréal. Lili Rose L’Heureux et Alyssia Chartier se sont donné comme mission de promouvoir l’estime des filles dans le cadre d’un projet qui pourrait bien dépasser le cadre scolaire. Lancé officiellement il y a quelques semaines, le mouvement Mardi sans maquillage a déjà été instauré dans d’autres écoles secondaires. En somme, les deux adolescentes invitent leurs camarades de classe «à ne pas porter de maquillage les mardis afin de célébrer [leur] beauté intérieure». «Nul n’est la raison de ton bonheur sauf toi-même», croient-elles.