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Les élus, des parents comme les autres

Photo: Hugo Lorini/TC Media

La Ville de Montréal accordera aux élus dorénavant un congé parental de 18 semaines. Pour Émilie Thuillier, conseillère d’Ahuntsic, qui a accouché récemment, c’est un pas dans la bonne direction, mais le chemin est encore long.

Dix-huit semaines de congé, c’est la mesure phare adoptée en octobre et proposée par le comité consultatif sur la conciliation travail-famille pour les élus municipaux, dirigé par le conseiller Lionel Perez, élu de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce. Pour Mme Thuillier, conseillère d’Ahuntsic et leader de l’opposition à l’hôtel de ville, le comité de M. Perez a déposé des propositions de modification sans qu’on ait à changer la règlementation.

«On sait qu’un élu qui vient d’avoir une naissance s’absentera durant 18 semaines. Moi je n’ai pas eu droit à cela.» En décembre dernier, Mme Thuillier était sur le point d’accoucher d’Alexandre, son deuxième enfant. Prise de contractions, elle ne pouvait assister au conseil municipal à l’hôtel de ville du 16 décembre 2014, alors qu’elle devait proposer une motion pour rejeter le projet de prolongement de l’autoroute 19.

Le maire Denis Coderre avait même refusé, dans un premier temps, la motion en l’absence de l’édile d’Ahuntsic alors que des membres de son parti, Projet Montréal, étaient prêts à proposer à la place de leur collègue. Avant même sa naissance, le bébé révélait malgré lui, les difficultés éprouvées par les élues quand elles assurent aussi la mission de mère de famille.

Après la naissance, Mme Thuillier devait se conformer aussi à la loi. Un élu risquait de perdre son mandat s’il s’absentait des instances décisionnelles montréalaises pendant plus de 90 jours. En cas de naissance, il est autorisé maintenant à s’absenter 120 jours.

Des ressources et du temps
Mais pour l’élu d’Ahuntsic, la question qui reste totalement à ouvrir est celle du congé de maternité ou de paternité. «Il a fallu que le parti délègue une ressource pour m’assister, c’était Guillaume Cloutier. Il répondait aux courriels ou aux citoyens, mais il ne pouvait pas me représenter», indique-t-elle.

L’élue d’Ahuntsic croit que ce n’est pas aux partis des élus de fournir ces moyens. «Le soutien à un élu qui part en congé parental ou d’adoption doit venir de la Ville ou l’arrondissement et pour le moment, ces obligations devraient être plus claires vis-à-vis de l’élu», considère-t-elle. Au-delà des congés à la naissance, Mme Thuillier constate que l’élu doit aussi avoir du temps à consacrer à sa famille. «J’ai compté le nombre d’élus de Projet Montréal, nous sommes 17 élus et nous avons ensemble 17 enfants de moins de 18 ans», observe-t-elle.

Pour les élus, parents de jeunes enfants, assurer du temps de qualité en famille est primordial. Elle évoque à ce sujet les heures du Conseil municipal. «On a voulu nous proposer de commencer le Conseil le lundi matin. Cela signifie qu’on reçoit les documents du conseil le jeudi, à 17h30 et on ne fait pas juste lire les 2000 à 4000 pages qu’on nous adresse. Il faut en parler se rencontrer, dans ces conditions, c’est la fin de semaine qui est hypothéquée.» La proposition a été retirée.

Quelles lois?
Si des pas sont effectués dans la bonne direction, Mme Thuillier note qu’il y a encore du pain sur planche. On évoque la possibilité de demander à Québec de modifier la loi pour favoriser la conciliation travail-famille pour les conseillers municipaux. «Je pense qu’il ne faut pas demander au gouvernement de tout faire, Montréal c’est très différent des autres municipalités, prévient-elle. On peut leur dire ce qu’on veut dans la loi on peut aussi rapatrier tout cela dans le statut de Métropole.»

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