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Le long parcours d’une famille de réfugiés

Photo: Amine Esseghir/TC Media

La famille Sarajian a fêté le 26 novembre dernier la première année de son arrivée à Cartierville. Comme tous les réfugiés, son intégration n’est venue qu’après un long parcours semé d’obstacles. Un périple de deux ans qui s’est bien terminé grâce au courage de la famille et aux élans de solidarité de purs étrangers.

Cette famille d’Alep, en Syrie, a fui le pays en 2012. «J’avais un atelier de moulage pour la bijouterie. Après deux bombardements tout a été détruit», raconte Harout Sarajian, le père de famille.

Les Sarajian se déplacent alors à Hasakah, chez les parents de la mère, plus à l’Est, non loin de la frontière avec la Turquie. «À ce moment, mon frère a été kidnappé et on nous a exigé une rançon», se souvient Arda Sarkis, la mère.

Exil
Pour devenir réfugié, il faut d’abord décider de fuir là où l’on vit. Même si l’oncle a été relâché, le rapt a été la goutte de trop. La famille, qui a un enfant de trois ans, quitte pour le Liban. Les Sarajian se logent tant bien que mal dans une seule chambre dans un appartement où s’entassaient des familles syriennes. Le père travaille parfois, mais les emplois sont rares et de courtes durées.

«On est arrivé à Beyrouth en espérant que les choses rentrent dans l’ordre et pouvoir revenir en Syrie», souligne le père de famille. Ce départ sera définitif. Une année après leur arrivée au Liban, les Sarajian apprennent que l’organisme Hay Doun aide les réfugiés syriens à se rendre au Canada. Ils se lancent alors dans des démarches en tant que réfugiés.

«Mon épouse a découvert qu’elle avait une cousine éloignée vivant à Toronto», indique M. Sarajian. «Je ne l’avais jamais vu avant, mais elle a bien voulu nous parrainer», renchérit Mme Sarajian.

Bureaucratie
La famille est confrontée alors au parcours administratif peu évident pour des gens qui viennent d’un pays ravagé par la guerre. Refaire leurs passeports était une démarche relativement facile auprès de la représentation diplomatique syrienne au Liban, mais compléter un dossier administratif de réfugiés était beaucoup plus compliqué.

Il fallait des certificats de naissance ou des certificats de baptême que fournissaient les églises en Syrie. Si l’institution religieuse établissait le document, c’est l’administration syrienne qui devait l’authentifier.

«Parfois les bureaux de l’administration n’existaient plus parce qu’ils avaient été bombardés. Ou bien les fonctionnaires n’étaient pas trop pressés de valider des documents qui permettent aux gens de partir», signale M. Sarajian.

Une fois tous les papiers exigés fournis, la famille devra effectuer la visite médicale et passer au travers des vérifications de sécurité. «Au bout de 14 mois nous avons pu obtenir nos visas et quitter cet enfer», se réjouit M. Sarajian. Après une escale à Frankfort, en Allemagne, la famille atterrit enfin à Dorval.

Une nouvelle vie
À Montréal, ce sont des membres de l’organisme Hay Doun qui accueillent la famille. À Cartierville, c’est le Centre d’appui aux communautés immigrantes (CACI) qui les prend en charge. «Nous avons été hébergés durant un mois par des connaissances de mon frère qui habite aux États-Unis», note M. Sarajian.

Le CACI fera le suivi auprès des administrations provinciales et fédérales pour que la famille obtienne tous les documents nécessaires pour leur nouvelle vie. En moins de trois semaines, numéro d’assurance sociale, cartes de résidents permanents et d’assurances maladie leur sont fournies.

Le défi ensuite était de trouver ensuite un logement. Sans référence ni historique de crédit, le soutien du CACI est indispensable. Les Sarajian louent un 3 et 1/2 à Cartierville. «C’était un appartement vide, mais il faut dire que tout le monde nous a aidés. Les églises et les organismes communautaires nous ont fourni des meubles et des électroménagers», relève Mme Sarajian.

«J’ai trouvé du travail deux mois après notre arrivée dans un atelier de tournage», assure M. Sarajian. Il suit actuellement des cours de francisation. La naissance il y a deux mois, de leur deuxième enfant Serge, lui a permis de prendre un congé parental.

Aujourd’hui, la famille veut maintenant parrainer des proches qui devront traverser à leur tour le même processus laborieux.

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