Soutenez

Terrasses sans fumée: grogne chez les tenanciers de bars

L’Union des tenanciers de bars du Québec (UTBQ), qui compte parmi ses membres une quinzaine de bars du Plateau, prépare sa riposte contre le projet de loi 44 visant à interdire de fumer sur les terrasses, une mesure jugée «inutile» et «ridicule» par des propriétaires de bars de la rue Mont-Royal rencontrés par TC Media.

L’UTBQ compte miser sur le rapport de l’ingénieur Guy Arbour, mandaté de tester la qualité de l’air autour de 15 établissements montréalais.

«Selon le rapport préliminaire, la qualité de l’air sur les terrasses [où les cigarettes sont permises] n’est pas plus mauvaise que sur la rue», affirme le président, Peter Sergakis.

Dans un bref courriel adressé à TC Media, l’ingénieur Guy Arbour indique que la question est complexe et ne peut pas se résumer aussi simplement. «Mais je comprends un peu ce qu’il veut dire, car les aérosols fins sont un fléau dans les grandes villes nord-américaines.»

L’UTBQ recevra le rapport de l’ingénieur au courant de l’été. Les résultats seront ensuite présentés en commission parlementaire.

En 2013, Ryan Kennedy, de l’Université Johns Hopkins de Baltimore, a effectué des tests sur les terrasses montréalaises. Son analyse démontrait que même la fumée d’une cigarette pouvait faire grimper les indices de la qualité de l’air jusqu’à plus de 300 microgrammes par mètre cube (μg/m3). La Ville de Montréal parle d’une mauvaise qualité de l’air dès que les concentrations de particules fines sont supérieures à 35 μg/m3 pendant au moins trois heures.

Le projet de loi 44 assimile la cigarette électronique au tabac. Il prévoit aussi interdire la vente de produits aromatisés et l’utilisation de la cigarette en voiture en présence d’un jeune de moins de 16 ans.

Des tenanciers inquiets

Le propriétaire du Boudoir, Raymond Hubert, dit craindre pour l’industrie.

«Les fumeurs sont déjà dehors, je ne vois pas la pertinence de les empêcher de fumer dehors, si en plus il y a des 10 roues qui passent juste à côté. Je ne sais pas comment on va s’organiser», dit-il en soupirant.

Pour Gorka Brassard, de la Taverne St-Sacrement, cette disposition de la loi est «à la limite des libertés individuelles».

S’il ne craint pas pour l’achalandage de son propre commerce, il dénonce la mesure qui, croit-il, placera Montréal dans une situation délicate. «Dans le contexte de la mondialisation, ça nous rend plus fragile. Montréal est réputée pour son night life et on est en train de tuer ça.»

En entrevue à Radio-Canada, la ministre Lucie Charlebois a rappelé que les personnes non-fumeuses profiteront de cette mesure. Le projet de loi se veut «préventif», décrit la ministre. «Nous allons entendre ce que les gens ont à nous dire à ce propos-là», a-t-elle assuré.

Ouverts à la nouvelle réglementation
Parmi la dizaine de clients rencontrés par TC Media, la majorité sont prêts à faire quelques pas pour fumer à l’écart de la terrasse.

«Ça ne me dérange pas de sortir de la terrasse pour fumer. J’aimerais mieux ne pas fumer et pouvoir rester jusqu’à 3h plutôt que de partir à 11h», lance Marie-Pier Lavoie-Sigouin, résidante du Plateau.

Xavier Biardeau, aussi résidant de l’arrondissement, est conscient de l’inconfort que peut causer la fumée de sa cigarette. «Je ne devrais pas faire subir la fumée de ma cigarette aux gens, je n’ai aucun problème à me lever pour aller fumer un peu plus loin», affirme-t-il.

Pour Gabriel Savoie qui est fumeur et demeure sur le Plateau, la loi n’aura pas d’impact sur la qualité de l’air. «Ça ne va rien changer si les gens fument à côté de la terrasse, on est à côté des voitures sur le bord de la rue.»

À Montréal, 26% des adultes âgés de 18 à 34 ans fument la cigarette, selon un rapport de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal intitulé «Montréal sans tabac», publié en 2013.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.