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Voir les Raptors: un rêve pour des jeunes qui veulent «marcher droit»

Photo: Romain Schué/TC Media

En proie par le passé à quelques soucis judiciaires, des jeunes de Montréal-Nord, soutenus par un organisme communautaire, veulent se reprendre en main et tentent de récupérer des fonds pour réaliser leur «rêve»: voir un match des Raptors de Toronto.

Réunis autour d’une table des locaux de Café-Jeunesse Multiculturel (CJM), Daashawn Pinchinat et Micolson-Jeune Badette essayent de battre aux dominos Roberson Berlus, leur intervenant, travailleur de rue pour l’organisme nord-montréalais. Rires, exclamations et musique sont de la partie en ce début de soirée.

Un peu plus tôt, en compagnie d’autres jeunes de l’arrondissement, ils ont déposé une demande de subvention à la mairesse Christine Black, avec un objectif bien en tête: réunir 5 000$ pour partir à la fin du mois de mars à Toronto.

«On veut sortir enfin du quartier», sourit Mike Étienne, 18 ans, bien décidé à réussir ce «défi» après tant d’années de galère.

«On essaye de marcher droit»
Ces huit jeunes de 17 à 20 ans, qui se réunissent pendant près d’une heure chaque mardi et jeudi soir depuis près d’un an, souhaitent tous tourner la page d’une adolescence marquée, pêle-mêle, par des soucis de drogue, vol et petites délinquances.

«Ils étaient proches de franchir la ligne et de glisser vers quelque chose de plus grave, assure Slim Hammami, coordonnateur au CJM. Ils ne trouvaient pas leur place, étaient un peu perdus, avaient des soucis à l’école ou avec leur famille. Ils avaient besoin avant tout d’un espace de parole.»

Un sentiment confirmé par les intéressés, qui, comme Mike, assurent d’une même voix «ne pas avoir réalisé à temps la chance qu’on avait.»

«On regrette le chemin qu’on a pris. On a appris que l’on ne peut pas toujours agir comme on le faisait et on essaye maintenant de marcher droit, d’adapter notre comportement», reprend Mike, qui rêvait «de jouer en NBA» avant de quitter définitivement l’école Henri-Bourassa à l’âge de 15 ans.

Un besoin d’écoute
Parler. Être écouté. Un manque visiblement criant, évident pour ces jeunes pour la plupart déscolarisés, rapidement ciblés par les forces de l’ordre et en manque de repères.

«Être ici, ça fait du bien. On peut discuter de tout et de rien, de nos soucis, comment éviter les dangers de la rue et surtout, on réfléchit pour atteindre notre but», précise Micolson-Jeune, avant d’énumérer les activités d’emballage dans les supermarchés, de déneigement et les diverses actions imaginées afin de voir leurs idoles, DeMar DeRozan et Kyle Lowry, «mais aussi les chutes du Niagara», glisse Mike.

«Ce défi doit leur donner une nouvelle dynamique»
Excitant pour les intéressés, ce projet, le plus important réalisé par l’organisme, reste pourtant symbolique pour Slim Hammami. Ce dernier imagine un avenir plus radieux pour ces jeunes «qui pourront compter sur une réussite après avoir vécu plus échecs».

«On veut qu’ils se sentent valorisés et qu’ils aient une image plus positive d’eux-mêmes, expose-t-il. Ce défi doit leur donner une nouvelle dynamique, une autre perspective de leurs possibilités. Avec cet objectif commun, on veut leur montrer qu’ensemble, on est plus fort et qu’en s’impliquant, on y arrive.»

Une mission qui semble déjà en bonne voie. «On apprend plein de démarches qu’on ne connaissait pas. Plus tard, peut-être, on sera capable de les réaliser seul», admet Mike, soutenu par l’un de ses camarades, Daashawn, qui dit préférer «préparer ces activités que de dépenser de l’argent à faire des niaiseries.»

Autour de la table de l’organisme, les dominos sont rangés mais les débats ont repris. Énumérant les joueurs des Raptors et les derniers mouvements de l’effectif, les jeunes s’emballent et imaginent déjà des scénarios de match. Toronto les attend.


«Des gars plein de potentiel»

À la tête de ce programme intitulé «Jeunes Leaders» en compagnie de Beauvoir Jean, un autre travailleur de rue du Café-Jeunesse Multiculturel, Roberson Berlus ne tarit pas d’éloges sur cette dizaine de jeunes adultes qu’il réunit deux fois par semaine.

«Ce sont des gars avec plein de potentiel. Ils ont beaucoup de qualité, mais il faut parfois les pousser, les amener à les exploiter», explique l’intervenant social qui tente «de faire changer le regard des autres sur ces jeunes.»

«Puisqu’ils ont un dossier, on leur dit qu’ils ne rentrent pas dans le système. C’est une boucle, tout est négatif. Pourtant, les compétences sont là et avec des échanges, des discussions, on se rend compte qu’ils peuvent aller de l’avant.»

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