Une commission sur la démolition de l’église Saint-Octave
Le RCME a mandaté le Pointelier Maurice H. Vanier pour présider la Commission citoyenne pour s’assurer de la sauvegarde de l’église Saint-Octave. L’homme s’y connaît en débat identitaire puisque c’est alors qu’il était maire de la Ville de Pointe-aux-Trembles, en 1982, qu’a lieu le référendum qui mena à la fusion avec la Ville de Montréal.
Les souhaits du commissaire
M. Vanier a dit souhaiter que le débat ait lieu dans « un contexte aussi serein et pacifique que possible ». Il a mentionné que même si le maire Robert Coutu n’a pas enclenché de consultations publiques, « il ne faut pas lui tirer des roches ».
Le président de la commission a d’ailleurs souligné qu’il contacterait le maire prochainement et espérait avoir sa collaboration. « Au XXIe siècle, c’est l’ère de la démocratie participative, nos représentants sont élus pour prendre des décisions après nous avoir consultés », a expliqué M. Vanier. Par ailleurs, ce dernier a exprimé ses craintes qu’à la veille des élections municipales, le sujet ne devienne un enjeu électoral.
Une commission objective?
Rappelons que le RCME est farouchement opposé à la destruction de l’église et que l’abbé Vanier à lui-même fait partie du groupe de pression qui s’était opposé à la destruction de l’église Sainte-Germaine-Cousin à Pointe-aux-Trembles. Questionné sur l’apparent manque d’objectivité de sa commission, M. Vanier a consenti à chercher un pendant plutôt favorable à la destruction des églises pour l’assister dans sa tâche.
Malgré tout, M. Vanier a admis lors de la conférence de presse que le but de la commission est de fournir des arguments pour la sauvegarde de l’église. Rencontré en entrevue, il précise que sa motivation est que l’histoire de l’église Sainte-Germaine ne se répète pas. « Il ne faut pas être coincé [avec la destruction de l’église, sans qu’une évaluation n’ait été faite], comme avec Sainte-Germaine où on s’était retrouvé à départager le vrai du faux. »
L’église est-elle en péril?
Les rumeurs veulent que la démolition de l’église soit l’une des options envisagées par le conseil municipal, pourtant le maire et certains conseillers réfutent l’information. C’est ce qui a motivé le RCME à instaurer la commission. « Les citoyens se disent inquiétés par les rumeurs contradictoires qui circulent continuellement sur l’avenir immobilier de l’église Saint-Octaves », a expliqué la présidente du RCME, Julie Peccia, attestant au passage qu’un conseiller lui aurait affirmé être en faveur de la démolition. Une croyance que partagent M. Vanier et la conseillère Sylvie Dauphinais, prenant bien soin cette fois de ne pas révéler ce qui se passe en coulisse du conseil.
Un débat qui n’a pas eu lieu
Une bonne part de la zizanie autour de l’église viendrait d’un débat qui n’a pas eu lieu croit M. Vanier. « Quand l’église a été mise en vente, il y a des choses qui n’ont pas été discutées. Le débat a seulement eu lieu entre les catholiques pratiquants et la Ville. Ce ne sont pas tous les citoyens qui ont pu y prendre part. C’est la raison pour laquelle on parle de démolition maintenant. Il y a des éléments du premier débat qui se retrouvent dans le débat actuel. »
D’ailleurs, il semble que l’entente finale entre la Ville et les marguilliers ait été perdue par ceux-ci lors des querelles qui ont suivi la vente de l’église en 2010.
La prochaine étape
Un blogue a déjà été mis en ligne, la commission devrait se constituer rapidement. M. Vanier se donne jusqu’au 20 novembre, fête de saint Octave, pour démarrer les travaux publics.
D’ici là, il identifiera « les gens porteurs d’autorité à Montréal-Est ». Il fera appel à l’Atelier d’histoire de Pointe-aux-Trembles qui tiendra justement une conférence sur le thème « Évolution du patrimoine architectural religieux du territoire historique de la Pointe-aux-Trembles », afin de connaître la valeur matérielle de l’église. Selon lui, cette valeur est minime, « mais il y a un attachement immatériel au bâtiment même pour les non-catholiques, parce qu’au Québec on se souvient ».
D’ici le 20 novembre, les travaux débuteront. Tous les contribuables montréalestois seront invités à participer à la consultation.