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Un documentaire pour dépasser les préjugés

Photo: Nicolas Ledain / TC Media

Le documentaire T’es où Youssef? a été projeté au café L’Entre 2 de l’école secondaire Antoine-de-Saint-Exupéry. Une vingtaine d’élèves ont aussi pu questionner le personnage principal pour mieux comprendre les mécanismes de radicalisation.

Tout commence par un choc un matin de juillet 2014. Ce jour-là, Raed Hammoud découvre dans les journaux qu’un de ses amis du secondaire, Youssef Sakhir, est parti avec deux autres jeunes Québécois vers la Syrie pour s’enrôler dans Daech.

Après l’incompréhension initiale, le jeune homme décide de retracer le parcours de ce compagnon de classe, issu comme lui de l’immigration, élevé dans le même univers, partageant la même religion, mais à la trajectoire diamétralement opposée.

De Sherbrooke à la Turquie, T’es où Youssef ? est un documentaire fort, limpide et volontairement « naïf », selon Raed Hammoud, pour dépasser l’image du « fou de dieu » et comprendre la motivation de cet étudiant qui a tout abandonné, persuadé qu’il partait en mission humanitaire dans un pays neuf.

« On était deux amis, moi je suis là, il a voulu partir, mais pas pour la violence. On a en toile de fond l’islam, mais cela peut donner des résultats différents. Le fait que ce soit, moi, un musulman qui fait cette enquête, ça sonne une cloche dans l’esprit des gens », estime Raed Hammoud, documentariste et personnage principal de ce film réalisé par Gabriel Allard-Gagnon.

La projection de mercredi 31 mai au café l’Entre 2 de l’école Antoine-de-Saint-Exupéry a justement provoqué cette réflexion et entraîné de nombreuses questions de la vingtaine de jeunes qui y a assisté.

« Ce ne sont pas toujours des gens méchants qui partent. Youssef voulait le bien, ils lui ont retourné le cerveau. Je n’imaginais pas cela », avoue Maria Mora, élève de 5e secondaire.

« Je ne savais pas grand-chose sur Daech et j’ai appris beaucoup. Il peut y avoir des gens qui sont partis en pensant faire le bien », confirme son camarade Théo Simplice.

Ces réactions et l’échange avec les jeunes donnent une deuxième vie à ce documentaire et Raed Hammoud se réjouit de ces rencontres.

« C’est très touchant. C’était le but premier de ce film : le faire pour les jeunes qui, comme moi quand j’avais 16 ans avec Youssef, se posent beaucoup de questions. Un film comme cela aurait peut-être changé des choses pour nous », estime le documentariste.

Se parler pour prévenir
Cette projection a été organisée par Taï Cory, coordonnateur du programme Prévention jeunesse au sein des YMCA du Québec. Depuis fin 2016, cet intervenant développe plusieurs activités pour lutter contre la délinquance et la radicalisation à Saint-Léonard.

« Certains peuvent se retrouver dans ce discours. On n’est pas là pour dire que la religion est mauvaise, on parle de mieux vivre ensemble et savoir les raisons, en-dehors de la religion, qui ont mené Youssef à partir en Syrie », détaille M.Cory.

Dans cet objectif, Raed Hammoud a profité de cette rencontre pour adresser un message aux jeunes de l’arrondissement.

« J’essaye de leur dire “parlez-vous” et “tendez-vous la main”. On connaît des gens qui se sont suicidés et c’était imprévisible. Ce qu’a fait Youssef, c’est un suicide d’une certaine manière. On aurait dû l’écouter plus et lui tendre la main », conclut le journaliste.

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