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Elle consacre sa vie à sa voisine centenaire

Photo: TC Media/Catherine Paquette

Il y cinq ans, Raya El Omairi a choisi de «donner sa vie» à sa voisine de palier, Évelyne Beaucage, aujourd’hui âgée de 104 ans. Elle venait de se briser le poignet en chutant. Depuis, Raya El Omairi, engagée par Mme Beaucage via le CIUSSS de l’Est de l’Île-de-Montréal, est à son chevet jour et nuit dans son logement.

Mme Beaucage a toujours insisté pour rester à la maison. À la mort de sa sœur malade, le 15 janvier 2014, les services de santé «ne donnaient qu’un mois à la dame et conseillaient de la placer», raconte Mme El Omairi.

La mère de famille d’origine libanaise, déjà au chevet de la dame depuis plusieurs années, a été engagée par le CIUSSS à la demande de Mme Beaucage et de sa famille dans le cadre du programme d’allocation directe du gouvernement du Québec.

«Elle bénéficie d’une allocation aux deux semaines pour 26,5 heures de travail, un chèque emploi-service adressé aux aidants pour les soins à domicile», mentionne Catherine Dion, agente d’information au CIUSSS de l’Est de l’Île-de-Montréal.

Mme El Omairi a choisi toutefois d’habiter de façon permanente avec Mme Beaucage, qui a besoin d’elle en tout temps.

Sur le territoire du CIUSSS de l’Est de l’Île-de-Montréal, 140 personnes reçoivent un chèque emploi-service, pour l’aide apportée à des personnes âgées. Le montant et le nombre d’heures diffèrent d’un plan d’intervention à l’autre.

Famille moderne
Mme Beaucage ne parle plus beaucoup, mais dit aimer faire sa promenade avec Raya, qui est «très gentille».

La collaboration entre les voisines de palier a commencé après la naissance du premier enfant de Mme El Omairi, qui se faisait garder chez les sœurs Beaucage. Par la suite, il n’était pas rare que la famille libanaise partage ses journées avec les deux dames, si bien que Mme El Omairi, soucieuse de leur bien-être, s’est progressivement installée dans les deux appartements. Elle a finalement décidé de quitter son emploi de gérante dans un restaurant.

Aujourd’hui, elle nourrit, lave, soigne et fait rire Mme Beaucage au quotidien. «Je me suis occupée d’elle plus que de ma mère», affirme celle dont les parents habitent en Italie.

«J’ai tout laissé de ma vie. J’aime prendre soin d’elle, je ne fais pas ça pour l’argent, je fais ça de tout mon cœur», s’exclame celle qui reçoit également l’aide financière de la petite fille de Mme Beaucage, qui habite aux États-Unis.

Aide à domicile
Le dossier de Mme Beaucage est suivi par une intervenante du CLSC. Une infirmière lui donne également le bain deux fois par semaine.

«Le CLSC va soutenir Mme Beaucage si elle a besoin d’aide, d’équipement par exemple. Mais le CLSC ne gère pas le travail de Mme El Omairi, qui est engagée par Mme Beaucage», fait savoir Mme Dion.

Mme El Omairi n’a pas de formation professionnelle, mais dit espérer un jour pouvoir agir comme préposée aux bénéficiaires avec d’autres personnes âgées.

Elle a la chance d’être aidée par le propriétaire de l’immeuble, Tony Pietrangelo, qui a accepté de prendre la charge légale de Mme Beaucage, résidente de l’immeuble depuis 25 ans.

«Moi tant qu’il y a quelqu’un ici pour prendre soin d’elle, je paye les factures de téléphone, d’électricité», s’exclame-t-il, rejetant la possibilité qu’elle puisse habiter ailleurs.

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Le rôle de proche aidant
Selon Lucie Gagnon, directrice générale de l’organisme L’Appui Montréal, les proches aidants sont des personnes qui agissent à titre bénévole, avec quelqu’un entretenant déjà une relation privilégiée avec l’aîné.

«On ne s’attend pas d’eux qu’ils aient une formation», affirme-t-elle d’emblée.

La directrice constate que les proches aidants se lancent souvent à l’aide d’une personne de leur entourage dans un élan naturel.

«La plupart des gens vont dire que c’est naturel et qu’ils n’ont pas eu le choix. Bien souvent, ils ne se sont pas rendus compte que leur rôle avait changé», illustre-t-elle.

Pour ces accompagnateurs, le nouveau rôle peut rapidement prendre toute la place et les mettre à risque.

«Ça crée des risques d’épuisement, de pauvreté,  d’isolement, indique Mme Gagnon. L’isolement peut aussi réduire la capacité du proche aidant d’aller chercher de l’aide.»

L’Appui Montréal offre aux proches aidants une ligne téléphonique en continu, où les gens peuvent obtenir des informations sur leur situation présente et future, et les ressources auxquelles ils peuvent faire appel dans leur milieu.

 

 

 

 

 

 

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