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Ouragan Matthew en Haïti: une Québécoise sur place raconte son expérience

Photo: Gracieuseté

L’ouragan Matthew n’a pas épargné la région sud d’Haïti, avec un bilan provisoire de 136 morts et des dommages matériels considérables. La capitale de Port-au-Prince, où travaille la journaliste indépendante et coopérante Josianne Desjardins, qui a quitté Longueuil pour Haïti depuis peu, a toutefois été épargnée.

«Nous avons reçu beaucoup de précipitations fortes et soutenues pendant 24 heures, ce qui était tout de même impressionnant. Je n’avais jamais vu ça aussi longtemps», relate la journaliste, en entrevue au Courrier du Sud mercredi. L’équipe du Programme de coopération volontaire (PVC) – Haïti avait suivi les consignes et avait des provisions d’eau et de nourriture pour une semaine, qui n’ont heureusement pas été nécessaires.

«On suivait l’information en direct. On entendait souvent que l’œil de l’ouragan s’en venait, mais c’était toujours reporté, indique Mme Desjardins. On ne savait pas quelle en serait l’ampleur. Ç’a nous a maintenu en alerte.»

Tout comme le personnel de l’Ambassade canadienne en Haïti, l’équipe de PVC-Haïti avait reçu comme consigne de demeurer à la maison et de limiter les déplacements.

«On entend beaucoup dans les médias que le pays est ravagé, mais en fait, ce n’est qu’une zone, ajoute son collègue Jean-Emmanuel Bouchard, natif de Longueuil. À Port-au-Prince, le lendemain des pluies, on reprenait les activités normales.»

«On a reçu beaucoup de messages de nos familles, de nos proches, qui voulaient savoir comment on allait, si on était en sécurité, ajoute Mme Desjardins. Malgré les messages lancés et articles partagés sur Facebook, par exemple, les gens étaient inquiets.»

La journaliste a aussi cumulé une douzaine d’entrevues en deux jours avec divers médias, pour faire le point sur la situation de crise.

Communications difficiles
La péninsule du sud d’Haïti, comme Les Cayes, Port-Salut, l’ile-à-Vache et Jérémie, a été durement touchée par l’ouragan Matthew, dont les vents ont dépassé les 200 km/h. Le bilan indique jusqu’à maintenant 136 morts en Haïti, et quatre en République Dominicaine.

Les dommages matériels sont majeurs; toits de tôle arrachés, routes devenues impraticables et même un pont emporté par les eaux, à Petit-Goâve.

Même si l’ouragan est passé, la communication avec ceux qui habitent dans les zones touchées demeure très ardue, voire impossible. «Un de mes collègues a des cousins qui habitent dans le Sud, raconte Josianne Desjardins. Le toit de leur maison a été arraché. Ils ont pu se réfugier chez de la famille, mais mon collègue n’a toujours pas pu parler à sa famille. C’est très angoissant.»

Les communications étant toujours difficiles à Haïti, la situation de crise n’améliore pas les choses.

Préparation inégale
Comme l’a relaté la journaliste Amélie Baron, de l’Agence France-Presse, une partie de la population est non seulement moins préparée pour faire face à une telle catastrophe naturelle, mais aussi parfois moins méfiante et consciente du danger. «C’est une préoccupation qui a été remarquée par certains collègues journalistes et par les ONG aussi», confirme Josianne.

«Même s’ils sont dans des zones à risques, on en voyait qui continuaient à faire leur vie normalement, deux jours avant l’état d’alerte, ajoute-t-elle. Il faut dire que pour certains, leur première préoccupation est de savoir s’ils pourront manger dans deux ou trois heures. Alors ce qui leur échappe, comme la météo, devient moins une source de danger ou de préoccupation.»

De plus, l’accès limité à l’information dans certaines régions peut constituer un facteur de cette moins forte méfiance. Car si une partie de la population détient un cellulaire, ce n’est pas le cas de tous.

«Le gouvernement a beau émettre des communiqués et transmettre des messages sur les réseaux sociaux concernant les abris provisoires, par exemple, certains ne les reçoivent pas.»

La suite
Ce qui est considéré comme le pire ouragan depuis 10 ans dans la région a paralysé une partie du pays. Des élections présidentielles et législatives devaient d’ailleurs se tenir ce dimanche, mais il a été annoncé jeudi qu’elles seront reportées.

Un bon nombre des abris provisoires ont en fait été aménagés dans des écoles, qui servent habituellement de bureaux de vote.

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