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Le Canada loin d’être un observateur désintéressé

Justin Sellers / The Associated Press Photo: Justin Sellers / The Associated Press

OTTAWA — Les résultats solides du candidat républicain à la présidence Donald Trump ont surpris bon nombre de personnes au Canada qui jetaient un oeil attentif sur la soirée électorale américaine.

Une photo sur Twitter a montré la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne, plaisantant avec un diplomate américain lors d’un rassemblement au consulat américain à Toronto. «Expliquez-moi simplement la Floride», dit le Tweet, concernant la victoire de M. Trump dans cet État.

L’ambassadeur américain Bruce Heyman, qui était l’hôte d’un rassemblement au Château Laurier près de la colline du Parlement, à Ottawa, a prédit mardi une transition en douceur, peu importe le vainqueur.

M. Heyman se réjouissait de voir les Américains voter en grand nombre.

«Indépendamment de qui remporte cette course, la relation entre le Canada et les États-Unis continuera de s’épanouir et d’être très forte, a-t-il affirmé. Je sais que nous continuerons d’être les meilleurs amis, partenaires commerciaux et alliés.»

Des invités étaient rivés aux écrans de télévision pour constater les gains de M. Trump dans les États clés de l’Ohio et du Michigan.

Une femme s’est mise la main à la bouche et s’est détournée de l’écran. Une autre s’est écriée: «Oh no!».

Le Canada est, bien évidemment, loin d’être un observateur désintéressé.

Une présidence de Donald Trump aura sans nul doute de larges répercussions au Canada, a affirmé Laura Dawson, directrice du Canada Institute au Wilson Center de Washington, citant les politiques sur le climat, les réfugiés et le libre-échange.

M. Trump a promis de sabrer dans les réglementations environnementales alors même que le Canada envisage diverses politiques de protection de l’environnement, incluant une taxe sur le carbone, a-t-elle fait remarquer.

«Le Canada se retrouvera avec des politiques climatiques très, très, très dispendieuses, a dit Mme Dawson. Il s’agira d’un facteur dissuasif pour l’investissement et la fabrication.»

Mme Dawson se montrait moins convaincue de changements majeurs du côté des politiques commerciales. D’autres Canadiens interrogés ont aussi exprimé des doutes sur l’impact de la position de Donald Trump sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA).

Donald Trump a demandé de renégocier l’ALÉNA, sans donner plus de détails, et a promis de le déchirer s’il n’y avait pas de négociations.

Un responsable canadien a récemment dit douter que la situation en vienne à cela. Même si un président ordonnait que l’ALÉNA soit abandonné, l’impact d’un tel geste serait assoupli par plusieurs pare-feu — la nécessité pour le Congrès de rétablir de précédents tarifs et, potentiellement, par l’existence du vieil accord entre le Canada et les États-Unis datant de 1987.

«Je ne crois pas que nous soyons vraiment en danger sur ce plan, a dit ce responsable. Il y aurait une révolte du secteur privé… Son propre parti se rebellerait.»

Contrairement au président mexicain Enrique Pena Nieto, qui n’avait pas dissimulé ses vives inquiétudes à l’égard d’une victoire de Donald Trump, le premier ministre Justin Trudeau avait tenté de demeurer au-dessus de la mêlée.

M. Trudeau avait dit avoir foi dans le processus politique américain et avait assuré aux Canadiens qu’il «travaillerait avec quiconque serait élu pour continuer à défendre les intérêts du Canada et faire croître l’économie».

Sur le plan des réfugiés, le Canada a ouvert grandes ses portes, tandis que M. Trump a martelé en campagne à ses partisans qu’il allait fermer les frontières — un contrepoids qu’a semblé vouloir illustrer le gouvernement fédéral par l’entremise d’un compte Twitter officiel alors que le candidat républicain gagnait de l’élan dans la soirée électorale.

«Au Canada, les immigrants sont encouragés à cultiver leurs traditions culturelles et à les partager avec leurs concitoyens», a-t-on écrit, amenant des internautes à laisser entendre qu’Ottawa avait intentionnellement fait une gifle à M. Trump.

Plusieurs informations ont aussi circulé sur la saturation du site web d’Immigration et Citoyenneté Canada au coeur de la couverture de la soirée électorale. Le site était effectivement lent tout au long de la soirée, mais on ignorait si un achalandage excessif d’immigrants américains en devenir en était la cause.

Mardi avant la soirée électorale, un autre responsable gouvernemental canadien affirmait que les Canadiens pourraient se réconforter dans le fait que le républicain semble avoir beaucoup de respect pour Justin Trudeau et son statut de célébrité internationale.

Rivalité amicale à Montréal

Au McLean’s pub, au centre-ville de Montréal, les prix étaient réduits sur les consommations «Nasty Woman» et «Bad Hombre», et les rivalités amicales se manifestaient.

Kaylie Mitchell, vêtue de rouge et soutenant Donald Trump, et Brandy Przepiora, arborant un écusson bleu «Hillary», tenaient à dire que le résultat n’influencerait pas leur amitié en dépit de la campagne acrimonieuse au sud de la frontière.

Mme Przepiora a dit croire que Mme Clinton était la plus apte à occuper la présidence et qu’elle avait mieux fait dans les débats. Mme Mitchell a affirmé avoir déjà soutenu Mme Clinton avant de gagner du respect pour le candidat républicain Donald Trump.

«Cela pourrait être rafraîchissant d’avoir quelqu’un sans expérience politique prendre les rênes à la Maison-Blanche», faisait-elle valoir.

Les deux amies s’entendaient sur une chose, néanmoins: ni une ni l’autre n’osaient faire de prédictions.

«Je suis nerveuse, disait Mme Przepiora. Il faudra attendre la fin avant de savoir.»

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