DACA: Pas encore une situation alarmante
Avec la décision du président Donald Trump de demander au Congrès de légiférer sur le Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA), à quoi peut-on s’attendre? Métro s’est entretenu avec la chercheure en résidence à l’Observatoire sur les États-Unis de l’Université du Québec à Montréal, Andréanne Bissonnette.
Est-ce surprenant que M. Trump ait renvoyé ce dossier au Congrès plutôt que d’abolir tout simplement le programme?
Donald Trump dit que l’exécutif [le président] ne devrait pas agir autant sur les questions d’immigration. Selon lui, Barack Obama a posé des actions qui relèvent du législatif [le Congrès]. Toutefois, on met une limite de six mois, sinon le programme sera complètement aboli.
Est-ce que la date butoir va forcer le Congrès à s’entendre?
Ça va forcer des discussions. Dans les sept dernières années, il y a eu plusieurs projets de loi qui visaient cette population migrante non documentée. Même malgré l’appui de républicains modérés, la polarisation partisane au Congrès a fait qu’il n’y a pas eu d’entente assez large.
Si on n’arrive pas à une entente, qu’arrivera-t-il à ces personnes?
Le DACA est un permis qui est renouvelable tous les deux ans. Il y a environ 200 000 personnes dont le permis expirera dans les 6 prochains mois. Ils ont jusqu’au 5 octobre pour le renouveler jusqu’en 2019. Ensuite, il y a 300 000 permis qui expirent entre mars et décembre 2018, et 320 000 entre janvier et août 2019. On ne peut pas déporter ces personnes tant que leur permis est valide.
Ces jeunes sont depuis plusieurs années aux États-Unis. Pourquoi n’ont-ils pas déjà régularisé leur situation?
Le DACA n’est pas une voie vers la résidence permanente ou la citoyenneté. La personne doit répondre à d’autres critères pour faire la demande de celles-ci. Certains détenteurs de permis DACA ont 15 ans. Ils ne sont sûrement pas mariés, ne peuvent pas travailler et si leurs parents n’ont pas de papiers, il n’y a pas de base pour appliquer le principe de regroupement familial. Mais avec l’annonce de Trump, on risque de voir une augmentation des demandes de soutien juridique dans les services d’aide aux immigrants.
Pourrait-on voir des déplacements de population vers les frontières?
Pour le moment, la situation n’est pas encore alarmante. Les premiers permis vont expirer dans six mois. De plus, l’âge moyen d’arrivée des 800 000 migrants est de 6 ans. Beaucoup ne parlent qu’anglais, n’ont connu que les États-Unis et ont fait leur vie là-bas. Donc, ce n’est pas la même situation que le Temporary Protecting Status (TPS) pour Haïti.