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Le Congo, épicentre des violences de Casques bleus

In this photo taken on Aug. 10, 2016, Bora, 22, poses for a portrait in the Congo Ituri province capital Bunia. Bora said she was just 11 when she became pregnant by her rapist, a U.N. peacekeeper. Two years later, she was a 13-year-old mother when another peacekeeper took advantage of her. She once again became pregnant. (AP Photo/Jerome Delay) Photo: The Associated Press

BUNIA, Congo — La fillette avait seulement 11 ans lorsqu’un Casque bleu l’a violée, l’attirant avec une banane et du pain comme appâts à sa sortie de l’école, dans son village du nord-est du Congo.

«C’est le premier homme à m’avoir touchée», raconte Bora, qui a demandé que son nom complet soit gardé secret. Elle est tombée enceinte et a donné naissance à un garçon.

Elle avait 13 ans lorsqu’un second Casque bleu l’a violée. Elle est à nouveau tombée enceinte, devenant mère pour une deuxième fois alors qu’elle était elle-même encore enfant.

Le cas de Bora est emblématique du sinistre revers des opérations de paix des Nations unies, et de l’ensemble de l’organisation. Dans son enquête d’un an, l’Associated Press a découvert que malgré ses promesses de réformes, l’ONU n’a pas honoré son engagement de mettre fin à ces violences et de venir en aide aux victimes — dont les dossiers étouffent parfois sous la bureaucratie.

Certains dossiers se sont volatilisés et d’autres ont été remis aux pays d’origine des soldats accusés, où ils prennent la poussière.

Si la crise des violences sexuelles à l’ONU avait un épicentre, il se situerait au Congo, où l’ampleur du scandale a été mise en lumière il y a 13 ans. Des 2000 plaintes portées contre les Nations unies à travers le monde dans les douze dernières années, plus de 700 proviennent du Congo et près du quart impliquent des enfants.

Le pays africain est l’hôte de la plus importante force de maintien de la paix des Nations unies, dont le déploiement coûte annuellement un milliard de dollars américains.

Sauf rares exceptions, les victimes congolaises rencontrées par l’Associated Press n’ont reçu aucun soutien. Elles ont plutôt été bannies par leurs proches pour avoir mis au monde des enfants métis, des enfants qui sont à leur tour persécutés.

La violence continue à ce jour: des 43 allégations de violence sexuelle soulevées à travers le monde depuis le début de l’année, près du tiers proviennent du Congo.

William L. Swing se trouvait à la tête de cette mission de 2003 à 2008, une époque à laquelle le nombre d’allégations de viol a monté en flèche dans ce pays ravagé par la guerre civile.

«J’endosse l’entière responsabilité de ce qui s’est passé, a-t-il soutenu en entrevue. Je savais à l’époque que j’étais l’ultime responsable.»

«Il est impossible de restaurer l’intégrité de quelqu’un qui a été agressé sexuellement, a-t-il reconnu. Mais on peut leur faire sentir que l’organisation tente de la leur redonner.»

Même si l’ONU a confirmé au moins 41 paternités depuis 2010, elle ne peut citer qu’un seul cas où un paiement a été versé, selon ses archives en ligne. L’Associated Press a pu confirmer qu’une femme haïtienne a touché à un autre versement plus tôt cette année.

Peter Gallo, un ex-enquêteur au Bureau des services de contrôle interne, est catégorique: «le système de l’ONU protège en fait les auteurs de ces crimes, et ce qui se passe, c’est que l’ONU exploite et est complice dans l’exploitation des mêmes gens que l’organisation a été fondée pour protéger.»

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