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L’électorat chilien apathique et divisé

In this July, 2, 2017 photo, former Chilean President and presidential candidate for a coalition parties called Chile Vamos, Sebastian Pinera, waves to supporters after voting during a primary elections in Santiago, Chile. This is the third time Pinera runs for President, having lost once to current President Michelle Bachelet and then winning the presidency on a second run. (AP Photo/Esteban Felix) Photo: AP
Felipe Herrera Aguirre - Metro World News

Des élections présidentielles auront lieu au Chili dimanche. Malgré une course marquée par des scandales de corruption et de sexisme, l’homme d’affaires Sebastián Piñera pourrait bien devenir président du pays pour une deuxième fois.

À 67 ans, Sebastián Piñera est le favori de la course à la présidence du Chili, un poste qu’il a occupé de 2010 à 2014. Un récent sondage lui accorde 44% des intentions de vote, même si le politicien de droite a été éclaboussé par des allégations de sexisme et d’évasion fiscale dans les dernières années.

Le candidat pro-gouvernement, Alejandro Guillier, fait pâle figure en comparaison, alors que le dernier coup de sonde lui accorde un distant 20% des intentions de vote, ce qui, de toute façon, lui accorderait une place pour le second tour.

Les candidats à la présidence semblent éluder les étiquettes traditionnelles qu’on appose normalement aux politiciens. La gauche est déchirée entre cinq candidats. Le Frente Amplio, une coalition politique issue du mouvement étudiant, est en tête avec sa candidate Beatriz­ Sanchez, une journaliste indépendante qui fait bonne figure à 16% des intentions de vote. Les chrétiens démocrates de Carolina Goic, le PRO, l’ancien parti socialiste de Marco Enriquez-Ominami, ainsi que le parti MAS d’Alejandro Navarro figurent parmi les choix qui s’offrent à l’électorat progressiste.

«Je crois que la gauche pense plus à son avenir qu’à gagner cette élection», estime la chercheuse en sciences politiques de l’université du développement de Santiago Barbara Briceño. «Ils s’inquiètent de l’endroit où ils se trouveront après l’élection.»

Elle ajoute que les partis de gauche ont pris leurs distances du gouvernement de Michelle Bachelet, ce qui devrait miner les appuis du candidat pro-gouvernement au second tour. «Les gens vont se dire: “[La gauche] n’est pas différente des autres partis.”»

La continuité du gouvernement Bachelet est donc incertaine, elle qui quittera son poste avec moins de 30% d’approbation. Bachelet souffre d’un manque criant de popularité au Chili, alors qu’elle a été acclamée à l’étranger pour ses politiques sociales, dont l’éducation post-secondaire gratuite pour 60% des nouveaux étudiants, la légalisation partielle de l’avortement et sa réforme du travail.

L’apparition de candidats campés aux extrêmes du spectre politique, comme l’ultraconservateur pinochetiste Jose Antonio Kast, a entraîné d’autres candidats au centre. Au-dessus de la mêlée, Sebastián Piñera a tenté de se séparer du pinochetisme pour subtiliser des votes à la faction chrétienne-démocrate, avec, entre autres, le soutien de figures bien connues de centre-gauche comme Patricio­ Aylwin.

«Ce que Kast peut faire est très important, avance le politologue de l’université Diego Portales Fernando Garcia Naddaf. S’il emporte 8 ou 10% du vote, cela rendra le deuxième tour très difficile pour Piñera, car celui-ci devra convaincre ces électeurs.»

D’après Garcia Naddaf, Piñera devrait rendre son discours plus attrayant pour les électeurs de droite de Kast, ce qui lui ferait néanmoins perdre des appuis à gauche. Son adversaire éventuel au second tour Alejandro Guillier pourrait donc s’avérer plus rassembleur pour les électeurs progressistes et aurait alors une chance de remporter les élections.

Après les réformes politiques

Entrevue avec Barbara Briceño, chercheuse en sciences politiques à l’université du développement à Santiago

Pensez-vous que l’avance importante de Piñera 
peut être attribuée à 
un mécontentement des électeurs envers les réformes de Bachelet?
On doit distinguer ces deux choses. Ce n’est pas parce qu’on désapprouve une réforme qu’on est contre celle-ci. Il y a ceux qui croient que les réformes politiques ne vont pas assez loin. Le rejet des politiques du gouvernement ne correspond pas à une faction politique précise, dans ce cas-ci celle de Sebastian Piñera. Cela dit, les sondages se sont 
déjà trompés et il pourrait 
y avoir des surprises, mais 
la tendance est clairement en faveur de Piñera.

L’abstention est inquiétante au Chili depuis les années 1990. Devons-nous nous attendre à un taux 
de participation très bas?
Je ne pense pas que les gens réalisent l’importance de voter. Ils considèrent que, peu importe le candidat qui gagne, ils sont tous pareils. Ce sentiment peut être très difficile à changer. Vous devez comprendre que le changement doit être graduel.

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