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Manif pour le contrôle des armes à Washington

WASHINGTON — Des centaines de milliers de personnes, dont beaucoup d’élèves du secondaire, se sont rassemblées à Washington et ailleurs aux États-Unis, samedi, afin de manifester en faveur d’un contrôle plus strict des armes à feu.

Les organisateurs de «March for Our Lives» («Marche pour nos vies») dans la capitale américaine avaient dit espérer que leur événement aurait autant de succès, en termes de nombre de participants et d’ambiance, que le rassemblement des femmes de l’an dernier qui, avec plus de 300 000 personnes, figure parmi les plus importantes manifestations à avoir eu lieu depuis la guerre du Vietnam.

Brandissant des pancartes ornées de slogans comme «Nous sommes le changement», «Fini le silence» et «Gardons l’argent de la NRA loin de la politique», les manifestants ont envahi l’avenue Pennsylvania depuis la scène érigée près du Capitole jusqu’à la Maison-Blanche, passant devant le Trump International Hotel.

«Si on écoute attentivement, on peut entendre que les gens au pouvoir tremblent, a déclaré un des porte-parole du mouvement, David Hogg, à la foule rassemblée à Washington.

Il a lancé un avertissement à la classe politique: «On va se débarrasser de tous les élus qui ne se préoccupent que du lobby des armes.»

Les manifestants ont dénoncé la National Rifle Association et ses alliés. Ils ont aussi fait état de leur crainte d’être abattus à l’école et se sont dits frustrés de l’inaction de leurs aînés, malgré les massacres en série.

«J’ai vraiment peur d’aller à l’école, a reconnu Maya McEntyre, une élève de secondaire de Northville, au Michigan, qui a participé, comme des milliers de personnes, à la manifestation de Detroit. Quand je viens à l’école, je ne veux pas devoir remarquer la sortie la plus proche.»

Présence québécoise

«C’est fou de penser que l’école est supposée être la place où les parents peuvent laisser leurs enfants et penser qu’ils sont en sécurité, mais que ce n’est peut-être pas le cas», s’est désolé Paul El-Méouchy, un Québécois établi aux États-Unis depuis une vingtaine d’années.

Il s’est joint aux protestataires à Washington, où se confondaient jeunes et plus vieux, avec «une énergie qui est sur le bord d’en avoir juste assez».

«Aujourd’hui, c’est la première fois que je commence à sentir plus de confiance que les choses vont changer», a-t-il lancé.

Ayant complété ses études secondaires au Nouveau-Mexique, à quelques heures de route de l’école Columbine, M. El-Méouchy est bien placé pour relever le contraste entre les climats canadien et américain.

Il raconte que l’éventualité d’une tuerie ne lui avait jamais même effleuré l’esprit à Montréal, tandis qu’aux États-Unis, les fusillades représentaient il n’y a pas si longtemps «des nouvelles ordinaires».

L’étincelle allumée par la tragédie du 14 février est selon lui imputable à la force des réseaux sociaux, mais aussi au fait que les victimes étaient des personnes plutôt privilégiées — contrairement à celles du massacre survenu dans la boîte de nuit LGBT d’Orlando, par exemple.

La Montréalaise Sarah Jampen Almazar a pour sa part fait le trajet jusqu’à Washington afin de participer à la manifestation, profondément touchée par ces jeunes transformés en militants après le massacre de Parkland, en Floride.

Elle a d’ailleurs contribué à organiser le déplacement d’un groupe de jeunes diplômés de l’école Marjory Stoneman Douglas vers la capitale américaine.

«Quand on vient de Montréal, on empathise tous un peu avec le traumatisme qu’une communauté peut vivre quand il y a de la violence armée comme ça dans les écoles», a-t-elle souligné.

Nathalie Provost, une survivante du massacre de Polytechnique, en sait quelque chose.

Elle dit avoir été «terriblement émue» par la marée humaine qui a déferlé dans les rues de Washington samedi.

Elle rappelle que la volonté de resserrer le contrôle des armes était «plutôt silencieuse» aux États-Unis avant que les jeunes n’y injectent leur fougue, tout comme au Québec, où les victimes de Marc Lépine et leurs proches ont également été les militants de la première heure pour la cause.

«L’ampleur (du mouvement) aujourd’hui vient de la passion des jeunes qui décident de prendre le taureau par les cornes eux-mêmes, et de ne pas attendre que ça vienne des adultes», a-t-elle lancé, en entrevue avec La Presse canadienne.

Des manifestations se sont déployées dans plusieurs autres villes américaines, dont Boston, Chicago, Houston et Parkland, en Floride, où se trouve l’école secondaire Marjory Stoneman Douglas, toujours secouée par la fusillade du 14 février.

En présence de nombreux policiers, environ 20 000 personnes se sont réunies dans un parc près de l’école, scandant des slogans comme «Assez, c’est assez» et agitant des affiches où l’on pouvait notamment lire «Pourquoi vos fusils sont-ils plus importants que nos vies?» et «Nos bulletins de vote arrêteront les balles».

Les manifestants de Parkland devaient marcher les quelque trois kilomètres séparant le parc de l’école, puis passer en silence devant le bâtiment en mémoire des victimes.

Pendant ce temps, le président américain Donald Trump s’est rendu en matinée à son club de golf de West Palm Beach, en Floride. Il n’a pas encore parlé de ses états d’âme devant ces manifestations de masse.

La NRA est aussi demeurée silencieuse.

Une trentaine de personnes ont participé à une contre-manifestation devant le quartier général du FBI, à Washington. Certains portaient des affiches sur lesquelles on pouvait lire: «les victimes armées vivent plus longtemps» ou «cessez de violer les droits civiques».

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