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#Moiaussi: les militants espèrent un impact durable

FILE - In this Saturday, Jan. 20, 2018 file photo, a marcher carries a sign with the popular Twitter hashtag #MeToo used by people speaking out against sexual harassment as she takes part in a Women's March in Seattle, on the anniversary of President Donald Trump's inauguration. Six months after bursting into the spotlight, the #MeToo movement has toppled scores of men from prominent positions and fueled a national conversation about workplace sexual harassment. Questions abound about the movement's staying power, but there's ample evidence that its impact will be durable. (AP Photo/Ted S. Warren) Photo: The Associated Press

NEW YORK — Six mois après avoir créé une onde de choc retentissante, le mouvement #MeToo (#moiaussi) a eu pour effet de déloger de puissants hommes de leurs postes et a suscité une discussion mondiale sur le harcèlement sexuel en milieu de travail. Les militants espèrent maintenant que le mouvement aura des effets à long terme à la veille des élections de mi-mandat qui auront lieu en novembre aux États-Unis.

Le mouvement #moiaussi semble déjà prouver qu’il n’est pas éphémère: des lois anti-harcèlement sont adoptées dans plusieurs États américains, des entreprises s’attaquent aux comportements déplacés en milieu de travail, et les femmes se sentent de plus en plus l’aise à dénoncer.

Le mouvement a aussi le potentiel d’influencer les discussions autour des élections américaines de mi-mandat, à la lumière du nombre record de femmes qui se présentent à un poste électif en 2018.

La vague de dénonciations remonte au mois d’octobre 2017, lorsque des reportages du «New York Times» et du «New Yorker» ont présenté le témoignage de nombreuses femmes qui accusent le producteur déchu Harvey Weinstein d’inconduite sexuelle. Peu de temps après, le mot-clic #moiaussi s’est répandu comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux et est devenu un symbole de dénonciation d’agression et de harcèlement sexuels.

Dans la foulée de ce mouvement, des États de partout au pays se sont activés pour contrer ce phénomène. Plus d’une douzaine d’États examinent en ce moment des lois qui s’attaquent au harcèlement sexuel. De plus, plusieurs autres États enquêtent sur des cas de harcèlement qui toucheraient des élus, des employés politiques et des lobbyistes. D’ailleurs, au moins une vingtaine d’élus ont démissionné ou ont été congédiés dans la dernière année en raison d’allégations d’inconduite sexuelle aux États-Unis.

Les militants croient que les efforts des assemblées législatives dans les États permettront d’apporter des changements à long terme. Ils estiment aussi que la vague de dénonciations a sensibilisé la population et a fourni plus de ressources aux individus qui subissent du harcèlement en milieu de travail.

Le fonds de défense juridique Times Up a été lancé en janvier par le National Women’s Law Center afin de fournir des avocats aux femmes victimes d’inconduite sexuelle, pour aider notamment celles qui n’auraient pas les moyens de payer leurs services.

Selon Fatima Goss Graves, la présidente et directrice générale du centre, plus de 500 avocats se sont inscrits et plus de 2300 personnes ont déposé des plaintes. Le fonds est constitué de 21M$ US (environ 27M$), qui ont été versés par environ 20 000 donateurs.

Bien que la plupart des personnes demandant de l’aide soient des employés d’hôtels et de restaurants, des plaintes ont été formulées par des travailleurs provenant de 60 secteurs, dont ceux du détail, de l’agriculture, du gouvernement, de la construction et de l’armée.

Mme Goss Graves espère que l’initiative se révélera durable.

«Il n’y a pas de solution rapide à ce problème. S’il y en avait une, ce serait réglé depuis longtemps», a-t-elle suggéré.

Doutes sur la durabilité du mouvement

D’autres se montrent plus sceptiques sur les effets à long terme du mouvement.

«En général, j’ai vu beaucoup de discussions et de grincements de dents, mais pas beaucoup de changement», a nuancé Donna Ballman, une avocate de la Floride spécialisée en droit du travail.

«On continue à ne pas croire les femmes, sauf si elles trouvent quelqu’un pour les soutenir. On continue de riposter contre les femmes avec des mutations nuisibles, de l’ostracisme et bien pire», a-t-elle ajouté.

Et malgré les grandes avancées au niveau des États, le mouvement a subi plusieurs revers. En Floride, la Chambre des représentants et le Sénat ont approuvé différentes mesures pour s’attaquer au problème, mais les élus n’ont finalement pas pu s’entendre avant la fin de la session.

«Ça me met en colère, pas juste pour moi, mais pour toutes les femmes qui ont partagé leurs histoires», a déploré la représentante républicaine Jennifer Sullivan, qui parrainait la loi.

Des États comme Washington et la Californie ont adopté la ligne dure.

En Californie, au moins 20 lois antiharcèlement ont été déposées. L’une d’entre elles suggère de munir les femmes responsables de l’entretien ménager dans les hôtels de boutons d’urgence au cas où elles subiraient des agressions sexuelles. Les élus de Washington ont quant à eux adopté plusieurs lois antiharcèlement.

Quant aux entreprises, Microsoft a appuyé une proposition d’éliminer les procédures d’arbitrage privé dans les cas présumés d’inconduite sexuelle. Des initiatives sont par ailleurs en cours dans plusieurs villes pour sensibiliser les propriétaires de restaurants à cet enjeu.

Certains militants demeurent sceptiques à l’égard d’une réelle volonté d’agir des entreprises.

«J’aimerais les mettre au défi de profiter de ce moment pour innover, pour ne pas être en mode défensif», a déclaré Noreen Farrell, qui dirige le groupe Equal Rights Advocates.

Zoe Chance, professeure de marketing à l’école de gestion de l’Université Yale, croit que le mouvement aura des effets durables, notamment en raison de l’appui des hommes.

«Je me fais souvent demander de parler des enjeux féminins — pour le mouvement #Metoo, c’était la première fois que des hommes me faisaient cette requête», a-t-elle souligné par courriel.

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