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Pas encore de guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, disent les experts

A man walks by an electronic board displaying stock trading index at a brokerage house in Beijing, Tuesday, April 3, 2018. Asian stocks fell for a second day Tuesday amid jitters about U.S.-Chinese trade tensions and mounting public scrutiny of technology companies. (AP Photo/Andy Wong) Photo: AP

WASHINGTON — Les États-Unis ont tout d’abord imposé des droits de douane aux importations d’acier et d’aluminium en provenance de la Chine.

La Chine a ensuite riposté en imposant des droits sur une multitude de produits américains, dont la viande de porc, les pommes et même le ginseng.

Wall Street a paniqué face à une éventuelle guerre commerciale entre les deux plus puissantes économies de la planète. Mais nous n’en sommes pas là — du moins pas encore.

«On parlerait plutôt d’une chicane commerciale actuellement», et non d’une guerre commerciale, a dit Derek Scissors, un expert de la Chine pour l’Institut de l’entreprise américaine, un groupe conservateur.

La Chine est un fournisseur relativement insignifiant d’acier et d’aluminium pour les États-Unis. Quant aux 3G$ US de produits américains visés par Pékin, ils ne représentent que 2% des biens exportés par les États-Unis vers la Chine.

Mais la querelle pourrait s’envenimer, et peut-être même très rapidement. Les États-Unis étudient déjà, à part, une liste de produits chinois d’une valeur de 50G$ US qui pourraient faire l’objet de droits dans le but de punir Pékin pour avoir volé de la technologie américaine ou forcé des firmes américaines à lui révéler des secrets commerciaux.

La Chine pourrait répondre en attaquant les intérêts commerciaux des États-Unis qui dépendent du marché chinois de manière exceptionnelle: le géant de l’aéronautique Boeing, par exemple, ou encore les producteurs américains de soya.

Malmené par l’éventualité d’une guerre commerciale en bonne et due forme, la moyenne Dow Jones des valeurs industrielles a clôturé en baisse de 1,9 pour cent lundi.

Depuis plusieurs semaines, en fait, les tactiques commerciales agressives du président Donald Trump ont fait mal aux places boursières. Des analystes croient toutefois que la panique sur Wall Street est déraisonnable.

La réplique rapide, mais tempérée, de la Chine aux mesures américaines démontre «qu’elle ne se laissera pas être bousculée, mais qu’elle ne veut pas d’une guerre commerciale», a expliqué l’analyste Amanda DeBusk, de la firme Hughes Hubbard & Reed. «Il est possible de voir les pays reculer.»

«Ça me semble assez mesuré et proportionné, a renchéri Wendy Cutler, une ancienne représentante commerciale américaine qui est maintenant la vice-présidente du Asia Society Policy Institute. Les Chinois ne semblent pas avoir exagéré et ils n’ont pas touché à nos gros produits comme les avions et les fèves de soya.»

M. Trump a fait campagne en promettant de redresser la politique commerciale américaine. Il considérait que des ententes commerciales injustes (selon lui) et les pratiques commerciales agressives de la Chine et d’autres pays étaient en partie responsables du gigantesque déficit commercial des États-Unis — 566G$ US l’an dernier. À lui seul, le déficit avec la Chine concernant les échanges de biens atteignait 376G$ US.

Après une première année au pouvoir meublée essentiellement de menaces, il passe aux actes depuis le début de l’année. Il a ciblé les panneaux solaires et les machines à laver en janvier, puis l’acier et l’aluminium le mois dernier — tout en prenant soin d’épargner les principales économies du monde, sauf la Chine et le Japon.

Il veut maintenant utiliser des droits de douane pour obliger Pékin à traiter les entreprises technologiques américaines plus équitablement. Pendant ce temps, deux dirigeants qui mettaient en garde contre le protectionnisme, le secrétaire d’État Rex Tillerson et le conseiller économique Gary Cohn, sont partis.

«Compte tenu de la rhétorique de plus en plus hostile appuyée par des sanctions commerciales tangibles annoncées aussi bien par les États-Unis que par la Chine, nous aurons besoin d’un effort sérieux des deux camps pour en arriver à un compromis qui apaisera les tensions commerciales et permettra aux deux de s’en sortir honorablement», a dit le professeur Eswar Prasad, de l’université Cornell.

Si la querelle s’envenime, la Chine pourrait attaquer des cibles plus vulnérables. Au cours de l’exercice qui a pris fin le 31 août 2017, les producteurs américains de soya ont envoyé 57% de leurs exportations vers la Chine, pour un total de 12,4G$ US.

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