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La grenouille et le bouf

Les Brésiliens font la fête. Non pas parce qu’ils ont souvent écrasé les Anglais en Coupe du monde de football et en matchs amicaux (11 victoires, 3 défaites de 1956 à 2009). Ils célèbrent plutôt l’ascension de leur pays au sixième rang des économies mondiales. Le Brésil déclasse ainsi le Royaume-Uni. La montée en flèche des pays émergents se poursuit.

Claironnée par tous les médias brésiliens la semaine dernière, la nouvelle ne surprend guère. Pas plus d’ailleurs que celle annonçant que la Chine a dépassé le Japon pour devenir le deuxième colosse économique après les États-Unis, qu’elle rattrapera d’ailleurs dans moins d’une génération. La France (5e puissance), le Canada (11e) et plusieurs autres pays occidentaux perdront également des plumes au profit des nouveaux aigles de l’économie.

Qui aurait cru qu’un pays membre de l’Union européenne – la Grèce, pour ne pas la nommer – serait moins solvable que le Pakistan et que les États-Unis perdraient, pour la première fois de leur histoire, leur précieux triple A?

Le Nord est soudain saisi par le doute. Son économie est en berne, son chômage est endémique. Il ne produit plus massivement ce qu’il consomme. Une partie du Sud a le vent en poupe, avec une croissance à deux chiffres annuellement.

Des pays-continents comme le Brésil, la Chine et l’Inde jouent de plus en plus dans la cour des puissances du Nord.

Mais, comme dans la fable, la grenouille devra faire attention à ne pas vouloir se faire plus grosse que le bœuf. Que le monde change sous nos yeux est une évidence. Rien n’est encore joué cependant pour les «nouveaux riches» de la planète. Avec leurs populations majoritairement pauvres, les risques d’explosion sociale sont grands. Pour l’heure, la récession dans le Nord a fini par ralentir, l’an dernier, leur formidable croissance.

Leurs classes moyennes restent prudentes face à l’avenir. Ce sont les championnes mondiales de l’épargne. Le taux d’épargne des Chinois, par exemple, est cinq fois plus élevé que celui des Canadiens.

Avec la mondialisation, le Nord et le Sud font partie du même village global économique, et la récession actuelle devrait les ramener à un minimum de modestie dans la course effrénée au classement des pays les plus riches de la planète.

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