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Juifs, morts et… mormons

La controverse tombe mal pour Mitt Romney qui, demain, va chercher à faire le plein dans les sept primaires et trois caucus du «Super Mardi». De quoi s’agit-il? L’Église mormone à laquelle il appartient baptise à titre posthume des victimes de l’Holocauste et des juifs célèbres.

Anne Frank, l’adolescente allemande connue pour son journal intime et morte du typhus au camp de Bergen-Belsen, a été baptisée par procuration le 18 février en République dominicaine. Un mois plus tôt, c’était le tour des parents de Simon Wiesenthal, le chasseur de nazis. Il y a quelques jours était «béni» Daniel Pearl, le journaliste du Wall Street Journal décapité au Pakistan en 2002 à la suite des attentats du 11 septembre.

Parfois, les baptisés sont bel et bien vivants. Elie Wiesel, prix Nobel de la paix (1986) et rescapé d’Auschwitz, vient d’apprendre qu’il est sur la liste. Choqué, l’écrivain de 84 ans demande à Romney de «parler à son Église» pour faire cesser ces baptêmes de morts destinés à sauver des âmes et à leur ouvrir les portes du paradis.

Mais le candidat à l’investiture républicaine n’aime pas parler de sa religion, d’autant qu’il aurait fait baptiser son beau-père, un athée notoire, après sa mort en 1992. Au total, au fil des ans, il y aurait eu 200 millions de baptêmes posthumes, allant de Jeanne d’Arc à Marilyn Monroe, en passant par Shakespeare, Elvis Presley et même… Hitler.

On le voit, les juifs ne sont pas les seuls sur la longue liste de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours (LDS), dont les fidèles (6 millions aux États-Unis, 14 millions dans le monde) s’abstiennent de prendre alcool, café et tabac. Un baptisé par procuration ne devient pas d’office mormon. C’est lui qui a le dernier mot. Le défunt – ou plutôt son esprit – peut refuser d’être un membre en règle de l’Église, une branche dissidente du protestantisme.

Ces derniers jours, elle s’est excusée pour les baptêmes posthumes de juifs. Au fil des ans, il y en aurait eu plus de 400 000. Dans bien des cas, il s’agissait d’«erreurs» dues à des «initiatives personnelles». Le mal est fait cependant.

En s’invitant dans l’actualité, ces baptêmes controversés vont sans doute être récupérés par les adversaires de Romney. Ils n’oublient pas qu’au moins 60 % des Américains se disent mal à l’aise avec l’idée d’avoir un président mormon. Seul un candidat homosexuel susciterait plus de rejet.

Mais, aux États-Unis, tout est possible. Il n’y a pas si longtemps, qui aurait cru que les Américains éliraient un président noir? Cinq mois avant l’élection de Barack Obama, la mère de l’actuel président a été baptisée à titre posthume.

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