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Opération après-tsunami au Japon

Photo: Japan foundation/laboratoire Takeuchi

Dans les heures qui ont suivi le tremblement de terre du 11 mars 2011 au Japon, des équipes d’architectes se sont attelées à créer des aménagements afin de venir en aide aux populations réparties sur les 500 km de côtes dévastées par le tsunami qui a suivi. Après avoir été présentée dans plusieurs grandes villes du monde, l’exposition Reconstruction et adaptation architecturale dans le nord-est du Japon après le grand séisme de mars 2011, produite par la Japan Foundation, fait son tour à Montréal. Visite express en quatre temps.

Phase 1 : Les interventions d’urgence
«Cette exposition démontre deux choses, affirme d’emblée Roger-Bruno Richard, architecte et professeur titulaire à l’École d’architecture de la Faculté d’aménagement de l’Université de Montréal. L’efficacité des Japonais et la culture altruiste sophistiquée. Tout de suite, ils ont pensé aux victimes.» Bon nombre d’entre elles avaient perdu leur logis ou ne pouvaient le réintégrer.

L’état d’urgence ne permettait toutefois pas de construire immédiatement. L’aide aux victimes s’est alors matérialisée avec, notamment, des petites cabanes en carton qui permettaient aux gens de changer de vêtements ou de dormir et ainsi avoir un peu d’intimité lorsqu’ils étaient réfugiés dans un gymnase, par exemple.

«Il y a une culture très nuancée, on pense à tous les détails au Japon. On ne fait pas juste envoyer les gens dans un gymnase, en leur disant “attendez”. Ils ont aussi aménagé des aires de jeux pour les enfants», poursuit le professeur Richard.

Parmi les autres projets d’intervention d’urgence, on note l’aménagement de cloisons en tissu pour les refuges, l’installation de mobilier (tabourets, lits, étagères) et de cloisons en carton, aussi pour utiliser dans les refuges, ou encore des bains temporaires pour les sinistrés qui n’avaient pas pu prendre de bain pendant plus d’un mois.

Phase 2 : Les logements temporaires
En plus de l’effort gouvernemental de 50 000 logements temporaires, de nombreux architectes bénévoles et indépendants, de même que des étudiants, ont construit des logements ou ont réaménagé des espaces pour les rendre habitables. Ils se sont servi des matériaux disponibles à ce moment, provenant notamment de dons de manufacturiers, comme le bois, facile d’utilisation.

Un exemple d’habitation temporaire est le projet EDV-01, de la compagnie Daiwa et de l’architecte Yasutaka Yoshimura. Pensé avant la catastrophe de mars 2011, le projet était sur le point de devenir un prototype. Son développement a été accéléré pour répondre aux besoins engendrés par la destruction causée par le tsunami.

«C’est une boîte. La partie du bas est contenue à l’intérieur. On fait juste la lever pour avoir deux étages, décrit Roger-Bruno Richard. L’espace en dessous peut être aménagé. Cette maison est entièrement autonome. Elle peut produire de l’électricité, recycler l’eau, etc. C’est très compact, un peu comme lorsqu’on fait du camping».

Dans plusieurs cas, les projets se sont réalisés en consultation et en collaboration avec les résidants.

Phase 3 : Les projets de reconstruction
Après le ravage du tsunami sur les régions côtières, la population devra être relogée sur les plateaux, et non plus au niveau de la mer. «De un, parce que ça avait été détruit, et de deux, parce qu’on veut éviter que ça se reproduise», croit le professeur Roger-Bruno Richard.

Le défi des architectes est donc de trouver des façons de s’approprier ces espaces plus élevés, tout en reconnaissant le changement d’habitude que cela constitue pour les habitants. Les propositions d’aménagement de la phase 3 de l’exposition explorent cette contrainte de différentes façons et à différentes échelles : construction sur un plateau surélevé, à flanc de colline, sur une base de pierre à l’image des forteresses et des châteaux d’autrefois, ou encore, sous la forme d’une ville futuriste hissée dans les arbres.

La plupart de ces projets ne sont pas encore réalisés.

Les propositions de l’étranger
Des architectes du monde entier ont tenu à offrir leur aide aux Japonais. «Ils ont beaucoup étudié, ils ont envoyé du monde sur place. Il y a beaucoup de rapprochements avec la culture, le mode de vie japonais, avec la géographie des sites», observe M. Richard. De ces projets permanents et temporaires, certains sont innovateurs.

En témoigne celui de réinstallation de Japonais en République du Cap-Vert, à 500 km des côtes ouest-africaines. La possibilité d’y implanter un village de pêche japonais, d’y élever des poulets, d’ouvrir des restaurants japonais et d’y créer un endroit de villégiature attire l’attention.

«Est-ce que ça a fonctionné? Je ne sais pas. Peut-être pas. Mais ça montre à quel point les projets internationaux se sont intéressés à la situation avec des solutions concrètes», fait valoir M. Richard.

Infos
Reconstruction et adaptation architecturale dans le nord-est du Japon après le grand séisme de mars 2011

  • Au Centre d’exposition de l’Université de Montréal, jusqu’au 9 février. Entrée gratuite.
  • Mardi soir, à 17 h 30, l’architecte Katsuhiro Miyamoto, professeur à l’Osaka City University, prononcera une conférence intitulée «L’architecture : Égide des souvenirs». La conférence donnée en japonais sera traduite en français.
  • Détails : www.expo.umontreal.ca

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