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Mali : les racines du mal!

Le Mali sombre dans le chaos. Coup d’État militaire, séparatistes touaregs de l’Azawad et groupes islamistes liés à Al-Qaïda. Certains avancent que c’est un triste dommage collatéral de l’intervention de l’OTAN en Libye!

Des armes et des 4×4 flambant neufs des rebelles viennent directement des dépôts de l’ex-armée libyenne, car des combattants touaregs étaient enrôlés dans les divisions de Kadhafi. Pire encore, des salafistes djihadistes maliens ont combattu aux côtés des rebelles qui ont chassé Kadhafi du pouvoir.

Malheureusement, l’affaire malienne reflète une réalité de notre monde. Aucun pays n’est à l’abri des événements qui ont lieu ailleurs sur la planète. La tragédie du nord du Mali trouve son origine dans la décolonisation travestie des pays d’Afrique. Un demi-siècle plus tard, plusieurs régions de ce continent ne sont toujours pas à l’abri des guerres intestines, voire des génocides.

C’est un fait. Le ressentiment du mouvement des séparatistes touaregs couve depuis longtemps dans la région du Sahel. Leur première rébellion a éclaté en 1963. Après un répit dans les années 1970 et 1980, causé par la sécheresse extrême dans la région, la deuxième grande rébellion touareg s’est engagée en 1990. Depuis, entre les autorités de Bamako et les Touaregs, c’est une alternance de trêves et de campagnes de harcèlement et de terreur.

Alors, d’où viennent les djihadistes? Leur présence au Sahel trouve ses racines dans le conflit de la première guerre en Afghanistan, entre les moudjahidines afghans et les Soviétiques, qui ont envahi le pays en 1979. À l’époque, les États-Unis, à travers la CIA, ont dépensé plus de 10 G$US avec leur allié – l’Arabie saoudite – pour alimenter la résistance antisoviétique incarnée par les moudjahidines, Oussama Ben Laden et son bras droit de l’époque, Ayman al-Zawahiri, eh oui, l’actuel numéro un d’Al-Qaïda!

Pour les apprentis salafistes-djihadistes qui affluaient de partout du monde arabo-musulman, l’Afghanistan était l’équivalent d’une académie militaire, qui a formé des milliers de combattants aguerris à la guérilla et à la terreur! Après la fin de la guerre contre les Soviétiques, ces combattants ont continué leur djihad (Guerre sainte) en Bosnie et en Tchétchénie, avant de retourner dans leurs pays respectifs. C’est ce qui explique, en partie, la «décennie noire» qu’a traversée l’Algérie durant les années 1990. En effet, d’anciens moudjahidines algériens ont créé le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), rebaptisé Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), la franchise nord-africaine du mouvement terroriste islamiste mondial.

Entre temps, le brasier du conflit israélo-palestinien accentué par la guerre en Irak, au début des années 1990, puis son invasion en 2003, ont non seulement officialisé la présence militaire des États-Unis en Arabie, avec ses plus grandes casernes à l’étranger en Arabie Saoudite, au Qatar, au Bahreïn et dans le Golfe Persique, mais elles ont aussi fourni l’argument idéal aux djihadistes pour mener leur combat planétaire. Ainsi, le champ de la bataille de Tripoli n’était qu’une autre occasion pour les djihadistes, notamment celui du groupe des Touaregs maliens Ansar Dine pour combattre les impies.

Logiquement, la chute de Kadhafi a permis au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) – mouvement laïque dans lequel l’un des chefs  s’est réfugié en Libye depuis 2009 pour préparer sa contre-offensive – de déclarer l’indépendance du nord du Mali. Dans son assaut, le MNLA s’est allié à Ansar Dine qui combat aux cotés d’Aqmi. (À suivre)

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