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Référendum en Écosse: le temps suspendu

Photo: Getty Images

Au moment d’écrire ces lignes, l’Écosse retient son souffle.

Dans le cœur historique d’Édimbourg, qui n’a peut-être jamais paru aussi jeune qu’en cette fébrile journée de vote, le temps est suspendu en attente du verdict référendaire.

Devant le parlement, des centaines de militants rassemblés entonnent des chants patriotiques. Des partisans des deux camps, indépendantistes comme unionistes, s’entassent partout en ville dans des bars suffoquants. Des attroupements se font et se défont dans les parcs et les places publiques, sous une multitude de drapeaux (écossais, catalans, gallois) ou autour de lampions.

«It’s happening, it’s happening (ça y est, ça y est)», lance un partisan du «Oui» éméché à la sortie d’un pub, qui se voit déjà citoyen d’une Écosse indépendante. Effectivement, on sent que quelque chose de grand est en train de se produire, mais les premiers dépouillements donnent tort à notre indépendantiste; le «Non» commence la soirée en tête.

Peu importe le choix des quelque 4 millions de citoyens attendus aux urnes jeudi, ce référendum est une victoire. Pour l’observateur extérieur, les rues écossaises respirent une vitalité politique rare. Après avoir montré pendant des mois qu’il est possible de mobiliser la population autour de grands enjeux et de projets d’avenir, près de 90% des électeurs ont finalement fait entendre leur voix jeudi.

«Faites attention! Demain matin, les perdants chercheront quelqu’un à blâmer», avertit un restaurateur du très coquet et touristique Grassmarket Square. «Ça va péter.» Si plusieurs craignent le pire, il est difficile à croire que la rue cédera à la violence tant la campagne sur l’indépendance de l’Écosse a été menée de manière civilisée.

Considérant l’effervescence des derniers jours, il n’y a probablement que les libéraux québécois pour s’indigner de ce que certains politiciens s’intéressent au sort de l’Écosse plutôt qu’aux coupes dans les services publics. Oublions le fait que des députés souverainistes, élus par des souverainistes, servent probablement mieux leurs électeurs en prenant des notes à Édimbourg qu’à regarder un gouvernement majoritaire détailler ses compressions à l’Assemblée nationale. L’engouement autour du référendum écossais touche à un enjeu crucial dans l’histoire du Québec, un enjeu qui n’est toujours pas résolu.

Peu importe si les Écossais se réveillent ce matin en marche vers la création d’un nouvel État indépendant ou sur le point de renégocier, à l’intérieur du Royaume-Uni, leur relation conflictuelle avec le gouvernement central à Londres, un long processus les attend maintenant.

Au moment où vous lisez ces lignes, un Écossais sur deux pousse un soupir de soulagement, l’autre moitié attend la suite avec incertitude.

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