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La presse reçue au thé et caviar en Russie

Murray Brewster et Malcolm Kirk - La Presse Canadienne

SAINT-PÉTERSBOURG, Russie – Lorsque les dirigeants des principales agences de presse du monde se sont assis avec Vladimir Poutine au palais de Saint-Pétersbourg, l’an dernier, on leur a servi un somptueux repas de flet de Crimée, un menu choisi évidemment non seulement pour sa qualité gastronomique, mais aussi pour l’affirmation politique qu’il représentait.

Cette année, thé et caviar ont été servis sur le coup de minuit dans une bibliothèque aux murs de bois.

Le président russe venait de compléter une enfilade de rencontres en marge de son forum économique, un événement où il a également offert une période de questions modérée par le journaliste Charlie Rose de la CBS.

M. Poutine a présenté ses excuses pour son retard de quelques heures à la rencontre avec les dirigeants des agences de presse.

Les employés du président et les dirigeants de l’agence de nouvelles d’État ont occupé les journalistes par une visite des bibliothèques et archives présidentielles. La Presse Canadienne était présente, ainsi que The Associated Press et Reuters, entre autres.

Vladimir Poutine était détendu et de bonne humeur durant cette heure qui constituait une flagrante opération d’image publique, tant pour son pays que pour les nations étrangères, qui se font de plus en plus suspicieuses — pour ne pas dire hostiles — à son endroit.

Ce qui avait été, l’an dernier, une opération de charme effrontée s’est avérée plus sobre cette année.

Interrogé sur les critiques persistantes du premier ministre canadien, Stephen Harper, à propos de la présence russe en Ukraine et sur sa suggestion à l’effet qu’il soit banni à jamais du G8, M. Poutine a simplement répondu: «Je ne veux offenser personne».

Il a également démontré son habileté sur la scène internationale, en se montrant très séducteur à l’endroit de la Grèce — qui vit de grandes difficultés économiques — une ouverture qui, à tout le moins, fracture la façade solidaire de l’Union européenne.

«Si l’Union européenne veut que la Grèce paie ses dettes, elle devrait s’intéresser à développer l’économie grecque, pour l’aider à payer ses dettes», a-t-il déclaré, faisant référence à un projet d’oléoduc de 2,7 milliards $ annoncé durant son forum. «L’Union européenne devrait nous applaudir. Qu’y a-t-il de mal à créer des emplois en Grèce?»

Aucunement repentant pour le conflit en Ukraine malgré l’isolement économique et la marginalisation dont il fait l’objet, M. Poutine blâme le président ukrainien, Petro Porochenko, pour ne pas avoir effectué les réformes politiques promises dans l’accord de paix de Minsk. Il a aussi blâme l’Occident pour le «coup d’État» à Kiev.

«Est-ce qu’il y a eu de la corruption de la Russie pour avoir la Coupe du monde de soccer?», lui a demandé un journaliste.

«Si quiconque a des preuves, laissez-le les présenter. Nous avons gagné dans une bataille juste et nous allons recevoir la Coupe du monde», a-t-il répondu.

Le contrôle médiatique était flagrant durant la soirée, particulièrement lorsque la couverture en direct des événements a été coupée des ondes de la chaîne 24 Hour après une question embarrassante d’Agence France-Presse, sur la saisie des actifs du gouvernement russe en France et en Belgique en raison d’un litige sur l’ancien géant pétrolier Yukos. Il a fallu de longues minutes avant que l’écran vide ne soit remplacé.

Devant la presse russe et internationale, choquée de cette interruption, les employés de M. Poutine ont affirmé que «certains participants voulaient que ce soit une rencontre confidentielle». Lorsque l’absurdité que les dirigeants des agences de presse occidentales veuillent une rencontre à huis-clos a été soulevée, ils ont simplement haussé les épaules.

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