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Derrière les masques, des hommes

Photo: Photographer: Adam Hinton

L’idée d’être près d’un des gangs les plus violents de la planète en rendrait plusieurs inconfortables. Le photographe Adam Hinton, lui, l’a fait: il s’est rendu au centre pénitencier de Ciudad Barrios, au Salvador, pour photographier les membres de la Mara Salvatrucha, un groupe criminel tristement célèbre pour son extrême violence. Son travail est publié dans le livre MS-13.

Entrevue avec Adam Hinton, photographe habitant à Londres, en Angleterre.

Racontez-nous votre rencontre avec des membres de la Mara Salvatrucha?
J’étais en prison pendant à peu près quatre heures. J’ai photographié les hommes où je les ai trouvés: dans la boulangerie, dans les corridors, dans les ateliers. Ils étaient tous très ouverts à mon projet; j’imagine que cela brisait la monotonie de leur quotidien. Je me suis senti très confortable avec eux, parce que j’étais traité comme n’importe quelle autre personne. Et je savais que je n’étais pas en danger, parce que je n’aurais jamais pu être là sans le consentement des leaders du gang!

Comment êtes-vous parvenu à entrer en prison?
Mon fixeur Alex m’a averti, avant le voyage, que l’accès à la prison était loin d’être garanti, et que nous allions devoir attendre jusqu’à la veille de notre arrivée pour avoir la confirmation que nous pouvions entrer. Je voulais m’entretenir avec les leaders du groupe pour avoir leur avis sur la trêve entre la Mara et leurs rivaux du Barrio 18, soit les deux plus violents groupes criminels du Salvador. La prison de Ciudad Barrios est surpeuplée, et j’ai eu la permission de me promener où je voulais et de parler à qui je voulais. Personne n’a refusé de se faire prendre en photos.

Qu’avez-vous voulu dire en effectuant ce travail?
Je voulais que ces images montrent que, derrière les tatouages et les stéréotypes propagés par les médias, il y avait des êtres humains. Je n’ai pas perçu ces gars comme des menaces. Ils avaient plutôt l’air résigné à l’idée de passer le reste de leurs jours en prison. La voie la plus facile est de dire que ce sont des tueurs sanguinaires qui devraient être pendus ou emprisonnés. C’est une façon commode d’éviter une question plus épineuse, à savoir ce qui pousse autant de jeunes hommes pauvres vers la criminalité.

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