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Amour, désir et dérive au temps du numérique

L'Amour au temps du numérique Photo: Télé-Québec

Après mon visionnement du documentaire qui fait énormément jaser L’Amour au temps du numérique de Sophie Lambert, je me sens triste et amer – mais peut-être pas pour les raisons «évidentes» que je vois passer sur les médias sociaux.

Les six jeunes sélectionnées par la documentariste représentent, pour le bien du film, le portrait d’une génération. Du moins, c’est ce que la narration martèle allègrement. Ce n’est pas dit explicitement, sauf que l’utilisation abusive du mot génération laisse croire qu’il y a ici une généralisation volontaire pour uniformiser le film.

Sophie Lambert ne juge pas les actions «répréhensibles» de ses protagonistes, mais elle pose sa caméra et ses questions en fonction de leurs façons de faire, parlant souvent d’un rêve amoureux, idéalisant la relation typique comme on vendait la vie de banlieue avec une clôture blanche et une pelouse verte dans les années 70.

L’idéalisation au service de la généralisation.

Mon réel malaise par rapport à ce film, c’est qu’on pointe du doigt les nouvelles technologies, l’hyper-accessibilité de la séduction rapide, mais on ne souligne pas que ce sont les individus, ces mêmes rêveurs d’amour, qui dictent les règlent de ces jeux virtuels.

La «game» de la séduction n’est pas un produit de l’ère numérique.

Oui, il y a une utilisation abusive des réseaux sociaux. Par contre, ce n’est pas forcément un tue-l’amour. Moi le premier, j’ai une fille de cinq ans issue d’une relation amorcée en ligne et je vis présentement une relation avec une femme rencontrée sur les réseaux sociaux. Comme avec toute chose, l’utilisateur dicte son niveau d’utilisation.

Même chose avec l’alcool, les drogues récréatives et la malbouffe, par exemple.

Il ne faut pas nier l’existence des alternatives rapides, sauf que c’est un piège de les dresser en faux pour mettre en évidence qu’elles ne sont pas viables pour atteindre l’objectif à long terme d’un couple «normal».  La normativité, ici, est manipulée pour servir le propos et j’ai un certain malaise.

Il y a 30 ans, ce n’était pas normal les familles éclatées ou reconstituées. Aujourd’hui, est-ce qu’on serait prêt à dire qu’une famille recomposée est le modèle défectueux de l’unité familiale? Inversement, doit-on vraiment dire que cette jeune vingtaine à la rencontre hyperactive représente un modèle discutable de relations humaines?

Tous les utilisateurs de Tinder et autres ne sont pas des mères monoparentales qui reçoivent des prétendants à la maison ou des accros du nightlife qui vivent dans le sous-sol de leurs parents.

J’ai beaucoup aimé le documentaire malgré mes réserves. J’aime la discussion qui est amorcée, les questions soulevées. J’aime moins les conclusions hâtives des gens qui accusent cette jeunesse de ne pas savoir aimer. L’amour évolue, comme la technologie.

Reste à se trouver des normes de son temps.

-> L’intégrale se trouve ICI sur le site de Télé-Québec

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