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Gaïa dit: «comme les Amazones, on n’a qu’une boule»

Dernier d’une série de trois textes sur la COP21 de Paris que nous rédigeons, Catherine Éthier et moi.

Un thème cher à ma génération est l’environnement. Pourtant, les nouvelles environnementales forment seulement 1,5% du total des infos. Par comparaison, la cuisine compte pour plus de 5% du poids médiatique. Toujours plus de Cuisinier Rebelle, moins de Laure Waridel. Le réchauffement climatique à feu vif dans une casserole Ricardo.

Alors, j’ai appelé une amie avocate spécialisée en droit de l’environnement pour lui demander ceci: «Si je veux utiliser ma tribune pour sensibiliser les gens, je dis quoi?» Elle m’a répondu: «D’arrêter de croire que l’environnement est adéquatement protégé par nos gouvernements et les lois promulguées.»

Effectivement, il faut voir nos leaders politiques comme des gens malades: des junkies complètement défoncés par le pouvoir, des alcooliques enivrés par la croissance, des cancéreux à qui il reste seulement quelque temps à vivre avant la prochaine élection. Je ne leur confierais pas mes enfants. Imagine l’avenir de l’humanité. La COP21 fut un banquet de porcs capitalistes venus se goinfrer aux frais du peuple, telle une réunion festive de la FTQ, mangeant des sushis nucléaires sur dame Nature couchée à poil sur une table. Tous attablés à l’ONU comme des empereurs d’une autre époque, nos leaders parlent de marché du carbone, de capitalisme vert et de p’tits gestes au quotidien, la bouche pleine de tartare de nègres congolais servi sur une biscotte bio. Une biscotte bio, c’est bien de faire des p’tits gestes pour l’humanité.

Pis nous autres, on se sent coupables de ne jamais faire assez de p’tits gestes. Et si on remplaçait la culpabilité par la révolte et l’action citoyenne en participant aux consultations et en revendiquant publiquement une meilleure protection environnementale? Comme des joueurs de poker intelligents, nous, le peuple, devons retirer la confiance qu’on mise sur l’élite aveuglée par la cupidité, le néolibéralisme et la guerre.

Un environnement sain est un droit. Un droit. D’ailleurs, dans une lettre ouverte publiée dans Le Devoir, le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) invitait le premier ministre à assumer ses obligations juridiques en matière de lutte aux changements climatiques. Devant l’inaction de plusieurs gouvernements, ce sont les tribunaux qui, de plus en plus, contraignent ces derniers à agir pour protéger leurs citoyens. Si l’on donnait de vrais droits à dame Nature, Harper, Trudeau, Couillard et Heurtel iraient en prison pour viol.

Le plus important est de nous préparer mentalement à accepter des transformations radicales de notre mode de vie. La plus grande révolution, avant d’être écologique, sera culturelle et spirituelle. Tout cela demande une réflexion nouvelle sur les traditions hiérarchiques humaines et les pratiques sociales. Rien n’est impossible. Et ceux qui nous traiteront de pelleteux de nuages, répondons-leur par cette citation d’Albert Jacquard: «L’être humain n’a pas d’ailes. Mais pourtant, on s’est donné les moyens de voler.» L’ultime question est celle-ci: quel type de société et de mode de vie pourrait réconcilier les humains entre eux et avec la nature?

Qu’un astéroïde décime une espèce vivante est une tragédie; mais qu’une espèce intelligente se suicide par une mauvaise gestion des ressources naturelles, c’est une comédie.

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