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Le Soudan et l’Égypte complices de trafic d’êtres humains?

Témoin des exactions
Un Érythréen montre les cicatrices des blessures qui, selon ses dires, lui ont été infligées pour obliger ses proches à verser une rançon Photo: Tom Dale/Human Rights Watch

Depuis 2010, des centaines de réfugiés érythréens ont été enlevés dans l’est du Soudan et vendus à des trafiquants de la région égyptienne du Sinaï, où ils ont été torturés jusqu’à l’obtention d’une rançon, selon un rapport publié le 11 février par Human Rights Watch (HRW).

L’ONG internationale dénonce, dans son rapport intitulé «Je voulais me coucher et mourir»: La traite et la torture d’Érythréens au Soudan et en Égypte, le silence des autorités soudanaises et égyptiennes face à ce trafic, et leur connivence avec les trafiquants.

Selon les témoignages recueillis par HRW auprès des victimes, des trafiquants égyptiens ont torturé des Érythréens pour obtenir des rançons pouvant aller jusqu’à 40 000$, commettant notamment des viols, des chocs électriques, des brûlures aux parties génitales et autres parties du corps avec des fers chauds, de l’eau bouillante, du plastique ou du caoutchouc fondu et des cigarettes, des passages à tabac avec des barres métalliques ou des bâtons, des séances de suspension au plafond, des menaces de mort et des privations de sommeil pendant de longues périodes.

Dix-sept victimes ont signalé qu’elles avaient vu d’autres personnes mourir des suites de tortures.

Le rapport relate également 29 incidents dans le cadre desquels des agents de sécurité soudanais et égyptiens ont facilité les exactions perpétrées par les trafiquants.

«Depuis des années, les responsables égyptiens nient les effroyables violences qui se produisent sous leur nez dans le Sinaï à l’encontre des réfugiés, a déploré Gerry Simpson, chercheur et auteur du rapport. Tant l’Égypte que le Soudan doivent mettre un terme aux actes de torture et d’extorsion dont sont victimes les Érythréens sur leur territoire, et il faut qu’ils engagent des poursuites à l’encontre des trafiquants et de tout responsable de la sécurité qui agit en collusion avec eux.»

Le rapport se base, entre autres, sur 37 entretiens réalisés par HRW avec des Érythréens, 22 entretiens effectués par une ONG locale en Égypte et d’autres associations étrangères, ainsi que sur les déclarations du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

HRW a également interrogé deux trafiquants, l’un d’eux reconnaissant avoir torturé des dizaines de personnes.

Certaines victimes ont également signalé que des agents égyptiens de la sécurité étaient de connivence avec les trafiquants notamment aux postes de contrôle entre la frontière soudanaise et le Canal de Suez en Égypte, et à proximité de la frontière israélienne.

Les autorités égyptiennes nient, quant à elles, l’existence de ces faits et déclarent qu’il n’existe pas suffisamment de preuves pour ouvrir une enquête.

Selon le HCR, début 2013, 300 000 Érythréens avaient cherché asile hors de leur pays même si l’Érythrée exige à ses ressortissants un permis pour sortir du pays. La plupart avaient fui après 2004, pour échapper à des violations généralisées des droits de l’homme, incluant notamment un service militaire obligatoire et indéfini, des arrestations et des détentions arbitraires.

Pour lire le rapport complet de HRW.

Pour voir la vidéo de HRW (en anglais):

[youtube http://www.youtube.com/watch?v=gNZufe7cvNs]

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