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Grands vents

Photo: Pierre Brassard | www.pierrrebrassard.com

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Jeudi. Il est 14 h 40.

Nous sommes deux à attendre le bus au coin Saint-Joseph et Papineau, à l’arrêt de la 27, direction ouest.
Nous sommes deux, donc, à tenter de ne pas nous envoler : une dame toute frêle, protégée par une doudoune au capuchon de poils, et moi qui suis franchement inadéquatement outillée pour affronter cette météo extrême. Mauvais manteau, mauvaises bottes : mauvais tout!

Je grelotte, frémis, et perds l’équilibre à chaque bourrasque. La menue dame frissonne aussi et se cramponne au poteau de l’arrêt. Le vent nous mord les joues alors que nos dents, elles, claquent.

C’est un temps qui, à la longue, pourrait rendre fou. Ça tourbillonne, ça se calme, puis ça reprend de plus belle sans crier gare. On dirait une hystérie climatique.

Les feux de circulation tombent en panne, des sacs de plastique virevoltent dans le ciel pour se poser en nids dans les arbres, et les passants marchent tête baissée, les bras serrés contre leurs corps, pour éviter que les rafales ne prennent dans leurs ailes.

Le bus se fait attendre. Il est en retard d’un gros 10 minutes.

Et avec cette météo hostile qui étire le temps, 10 minutes est une éternité qui fait couler les yeux, le nez et qui gèle les oreilles et les pieds.

Deux autobus affichant le message EN TRANSIT se succèdent et passent, justement, sous nos nez coulants. Le découragement est à nos portes quand soudainement, une portière s’ouvre devant nous.

Un jeune homme, totalement charmant, ralentit à la hauteur de notre arrêt, baisse sa fenêtre électrique et nous demande s’il peut nous déposer au métro.

La dame monte à l’avant. Sur le conseil de l’automobiliste, je passe à l’arrière, de l’autre côté, pour éviter le banc de bébé derrière le siège du passager. Nous avons pris place en toute confiance au creux de sa bienveillance et de ses bancs chauffants.

Il y a des moments comme ça dans la vie. Des gestes solidaires totalement gratuits qui, comme une brise chaude, font fondre la glace, apaisent et protègent en balayant les épreuves, comme un coup de vent.

Comme un coupe-vent.

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