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La victoire du gros n’importe quoi

President-elect Donald Trump pumps his fist during an election night rally, Wednesday, Nov. 9, 2016, in New York. (AP Photo/ Evan Vucci) Photo: Evan Vucci/The Associated Press

Pluie d’insultes, averse raciste et misogyne, déluge mensonger. Le pain quotidien de la dernière campagne électorale. Du (gros) n’importe quoi incessant. Si le passé est garant de l’avenir, et il l’est, faudra prendre notre mal en patience. Au moins quatre ans. Peut-être huit.

Nul doute que la présente campagne laissera des séquelles, probablement indélébiles, sur les mœurs électoralistes américaines. Une nouvelle recette populiste, forte en épices, voire indigeste, se trouve dorénavant sur le marché politicien.

La suite des choses heurtera, pour sa part, l’État de droit, la démocratie et l’intellectualisme. L’intellectualisme? Oui. Tout le contraire de ce qu’incarne Trump. Le Larousse décrit l’anti-intellectualisme de la manière suivante: «Refus de reconnaître la prééminence de l’intelligence et la valeur des sciences.»

La définition même de Trump. Celui qui, depuis le début de cette campagne, a fait appel systématiquement à l’irrationnalité de l’électeur moyen. À ses craintes. À sa haine jusqu’alors refoulée. Au plus bas dénominateur commun. Celui qui, non seulement heureux de balancer les pires âneries racistes, y va de propositions défiant toute logique, toute forme d’entendement. Construire un mur à la frontière mexicaine, par exemple. Pour ensuite refiler la facture aux Mexicains, prétendument violeurs et meurtriers. Bien sûr.

Une autre pas trop mal: utiliser ses futurs pouvoirs présidentiels afin de balancer, à la première occasion utile, son adversaire Hillary en prison. Du respect de l’État de droit, quoi.

La meilleure, maintenant: ficher tous les musulmans américains et, avant leur déportation imminente, leur faire porter un joli petit brassard au bras, histoire de les identifier publiquement. Comme dans les années 1930, en Allemagne nazie. Parce que tout musulman porte nécessairement en lui le germe incontrôlable du terrorisme. Chic.

On s’épargnera enfin la panoplie d’insultes formulées par le candidat républicain, cette liste étant nécessairement trop longue (mais néanmoins ici).

Il est fréquent d’entendre, depuis un certain temps déjà, que l’on doit tenter de comprendre les électeurs de Trump. De refuser de les juger. Ceux-ci exprimeraient, dit-on, un ras-le-bol collectif. Une frustration envers les élites depuis trop longtemps refoulée. Un cri de détresse, en quelque sorte.

Pas pour moi, cette galère. Pensons-y: les Américains étant en colère, toute solution débile serait conséquemment la bienvenue? La frustration comme mobile pour cautionner le racisme, la haine et la violation de droits humains? Le mépris des faits, de la vérité et du gros bon sens justifié par une prétendue désolation populaire?

Les partisans de Trump rappellent, en bref, la boutade de Beigbeder: « Ne jamais prendre les gens pour des cons, mais ne jamais oublier qu’ils le sont…»

Make Ti-Coune Great Again

Le plus épeurant, dans tout ça? Compte tenu du succès qu’il a obtenu jusqu’à maintenant, rien ne permet de croire que le «Trump Show» s’arrêtera en si bon chemin. Nous assisterons peut-être sous peu, ô joie, à quelques concours organisés entre lui-même et son homologue de la Corée du Nord. La compétition de celui qui-pisse-le-plus-loin, par exemple. Ou le championnat de celui-qui-appuie-le-plus-vite-sur-le-piton. Charmantes perspectives d’avenir.

Un mot sur Hillary? Hum. Une autre fois, d’accord? Parce que ce soir est soir de victoire. Celle du gros n’importe quoi.

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