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Le phénomène Fugueuse et la maladresse de TVA

Fugueuse
Fugueuse Photo: TVA

Depuis le retour des fêtes, la série Fugueuse est sur toutes les lèvres. Sans surprise, le sujet choc allait forcément faire réagir et le traitement fictif de la jeune Fanny ne laisse personne indifférent.

J’avais d’ailleurs quelques réserves après les premiers épisodes, en raison du manque de subtilité dans l’approche et des nuances plutôt approximatives dans le récit.

Ceci dit, je dois avouer que ma première impression s’est adoucie au fil des épisodes et le portrait, toujours dessiné à gros traits, gagne en pertinence et en aplomb à force d’y ajouter des coups de crayon. La série vaut définitivement le détour et elle fait réfléchir: là-dessus, rien à redire. Il y a œuvre utile qui s’opère.

Sauf qu’il n’y a pas que l’histoire de la fiction qui s’invite avec ses gros sabots. TVA aussi n’y va pas avec le dos de la cuillère quand vient le temps de faire la promotion de sa série.

La une du Journal de Québec cette semaine m’a particulièrement rendu mal à l’aise en raison du lien entre la fiction et ce cas réel d’une jeune fugueuse recherchée par sa mère. Ce lien avec l’actualité, cette proximité pour nous rappeler l’existence de la série, je ne suis pas à l’aise avec ça.

C’est de l’opportunisme très maladroit.

De plus, J.E. nous présentera cette semaine une émission sur le proxénétisme et, encore ici, on fait le lien avec la popularité de la fiction pour couvrir un enjeu réel et inquiétant.

Petite nuance ici: je n’ai rien contre la sensibilisation et l’utilisation d’une oeuvre de fiction pour lancer la discussion. Si Fugueuse est présentée dans des écoles pour éveiller les jeunes, dans un cadre éducatif et informatif, du bien peut en ressortir.

Mais ici, TVA n’a pas une vocation éducative. L’idée est d’inciter les téléspectateurs à écouter sa série et, dans la foulée, à lire son article de journal et regarder l’épisode de J.E.

Le «phénomène Fugueuse» surfe sur un sujet délicat et les gros sabots de TVA me dérangent. C’est mal avisé et limite inquiétant qu’on traite la disparition d’une jeune fille comme un prétexte pour rappeler aux gens qu’il y a une série sur le sujet en ondes présentement.

Gardons-nous une petite gêne.

Les gens feront sans doute le lien eux-mêmes et c’est normal, mais il y a une différence entre glisser la série dans une discussion et en faire la couverture d’un journal. Une grosse différence.

Personnellement, ça mine mon plaisir de découvrir la fin de la série qui est maintenant disponible sur le Club Illico, avant sa diffusion à la télé dans deux semaines.

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