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Les honorables: s’étouffer dans la prétention

Les honorables
Les honorables Photo: TVA

Vous avez sans doute vu une publicité ou un panneau vous sommant d’aller visionner l’intégrale de la première saison de la nouveauté du Club Illico Les Honorables, disponible depuis quelques jours dans un format d’une dizaine d’épisodes d’environ une heure.

L’offre est effectivement alléchante avec Macha Grenon et Patrick Huard au centre de l’affiche. Ils sont aussi flanqués de comédiens populaires comme Mylène Mackay et Sylvain Marcel. On retrouve aussi le vétéran Louis Choquette à la réalisation (Rumeurs, Mirador) ainsi qu’un auteur, Jacques Diamant, qui a œuvré lui-même dans le monde juridique durant de nombreuses années.

Il y a, sur papier, un potentiel énorme de nous offrir un thriller à consommer de façon boulimique par une froide soirée d’hiver, surtout si les enquêtes et les sagas judiciaires vous captivent.

Puis on regarde le premier épisode et, rapidement, un fossé se creuse. Le drame familial de deux juges, séparés, vivant le deuil de leur adolescente assassinée froidement, nous laisse de glace. La famille, avec une autre fille avocate et un fils «mouton noir» un peu crapule, vit dans cette bulle au-dessus de la société et on est rapidement confronté à un triste constat: c’est difficile d’être empathique envers leur situation.

Sans dire que le deuil n’est pas universel, disons que la série fait le drôle de choix de se positionner dans la vie des gens riches et fortunés en plus d’étouffer son intrigue avec un lourd jargon juridique pour lui offrir de la crédibilité. Si bien qu’après la moitié d’un épisode, on se sent regardé de haut, témoin d’une tragédie qui ne nous est pas accessible.

C’est un problème.

Évidemment, on peut faire de la télévision ou du cinéma sans toujours s’imposer la classe moyenne pour rejoindre un large auditoire. Mais il y a, dans le traitement de Les Honorables, un hermétisme étouffant. C’est appuyé par la musique très lourde, très dramatique, ainsi que des longs silences ou des scènes avec des personnages en train de se regarder dans un miroir pour nous renvoyer l’intensité de leur détresse intérieure.

C’est tellement gros que ça en devient ridicule, et déclencher des rires n’est clairement pas l’intention de la série. Loin de là même, elle se prend atrocement au sérieux et cette prétention sera, au final, son plus grand obstacle. En tant que public, on ne sent pas le bienvenu.

Ceci dit, très heureux de revoir Macha Grenon à la télé après sa brillante performance dans Nouvelle adresse. Par contre, Patrick Huard en juge, peut-on parler d’un drôle de casting? C’est difficile à avaler, pour ne pas dire carrément impossible.

C’est disponible en intégralité sur le Club Illico et le premier épisode est gratuit si vous souhaitez vous faire une tête.

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