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La Palestine, «État virtuel»

Photo: Majdi Mohammed/ap

Israël a perdu. La Palestine a gagné. Le premier sera-t-il plus sourd aux revendications du second, désormais moins muet.

La naissance jeudi dernier de «daoula Filestine» (État de Palestine) a déjà fait couler beaucoup d’encre. Quelques gouttes ont rempli la plume d’Ehoud Olmert. L’ancien premier ministre israélien écrit ceci dans le Daily Beast, un site d’information américain: «La demande palestinienne [d’obtenir un statut d’État observateur de l’ONU…] est conforme au concept d’une solution à deux États.»

Qu’il n’y voit «aucune raison de s’y opposer» n’est pas surprenant. Il y a cinq ans, Olmert (il pourrait se présenter aux législatives israéliennes du 22 janvier) affirmait qu’Israël «disparaîtra» si un État palestinien n’est pas créé à ses côtés.

Pour cela, il faudrait au moins une reprise des négociations directes au lieu de «punir» les Palestiniens avec le feu vert de vendredi pour la construction de 3000 nouveaux logements en Cisjordanie, véritable gruyère typologique où vivent plus de 500 000 colons israéliens.

Il fallait également s’y attendre: le transfert d’une centaine de millions de taxes collectées cette année par Israël au profit de l’Autorité palestinienne a été bloqué hier.

En votant «non» à la résolution de l’ONU, Israël, les États-Unis, le Canada et quelques micro-îles du Pacifique, donneront des munitions au Hamas. Le mouvement islamiste n’a jamais reconnu l’existence de l’État hébreu et l’«intransigeance» israélo-américaine va le conforter dans ses thèses jusqu’auboutistes.

Parallèlement, le Hamas pourrait tendre la main à Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, pour sa victoire onusienne de jeudi.

Dans les deux cas, Israël sort perdant. S’il devait y avoir un front uni palestinien, le Hamas cherchera à forcer la main à Abbas afin de faire acte de candidature à la Cour pénale internationale (CPI) dans le but d’enquêter sur les «crimes de guerre» israéliens à Gaza.

Dans tous les cas, rien ne change avec le plébiscite planétaire faisant de la Palestine un État «virtuel» à l’ONU. La réconciliation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne n’est pas pour demain. Le processus de paix avec l’État hébreu est au point mort depuis deux ans. La question palestinienne n’est même plus à l’agenda du monde arabe, trop occupé avec ses différents «printemps».

Alors, Israël a-t-il vraiment perdu? La Palestine a-t-elle réellement gagné? Le mirage politique est total.

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