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Obama et les médias, le grand désamour

Barack Obama a donné 38 conférences de presse depuis son entrée à la Maison-Blanche. Jay Leno n’est guère impressionné. S’il y en a eu autant, croit l’humoriste, c’est pour soutirer de l’information aux journalistes. Mais trêve de plaisanteries…

Le président américain n’est pas un ermite médiatique contrairement au premier ministre Stephen Harper qui, lui, a donné une demi-douzaine de conférences de presse en six ans. Et, quand des scandales éclatent, le premier ne fait pas le dos rond en évitant les questions, embarrassantes, des journalistes. Mais trêve de comparaisons…

Les relations entre Obama et les journalistes («vous avez tous voté pour moi!» aimait-il leur rappeler lors de son premier mandat) tournent en eau de boudin. Surtout depuis que l’Associated Press (AP) a été victime à son insu d’écoute téléphonique pendant deux mois par le ministère de la Justice. Le 44e locataire de la Maison-Blanche clame sur tous les toits que son administration est «la plus transparente de l’histoire», mais il tient en piètre estime la confrérie journalistique.

Il n’est pas le seul. Année après année, pas moins de 60 % des Américains disent ne pas avoir confiance en leurs médias. De manière générale, depuis sa première élection, Obama a souvent critiqué les praticiens du «quatrième pouvoir» qui, à l’ère de l’internet, tirent plus vite que leur ombre. La rapidité enterre l’exactitude, la quête de sens est battue en brèche par le sensationnel.

Ce message, il le martèle souvent. Sa présidence est de plus en plus tourmentée, et tirer sur le messager fait toujours recette. Obama mise à fond sur Twitter, Facebook et YouTube pour faire passer ses messages. Et pour mieux se «révéler». Les navigateurs du cyberespace, à qui il doit en grande partie ses deux mandats, savent ainsi ceci : leur président adore Miles Davis, Bob Dylan et Stevie Wonder.

Les médias traditionnels restent certes un mal nécessaire. De temps en temps, il faut passer par leur «filtre». Friand d’interviews (un demi-millier depuis 2009), Obama les accorde surtout à la télévision et à la radio.

Grand lecteur de journaux, il snobe cependant la presse écrite, à l’instar de Fox News, sa bête noire médiatique. Ces jours-ci, la chaîne, proche des républicains, rappelle en boucle les abus de pouvoir du fisc américain à l’égard des organisations conservatrices, le Tea Party en tête.

De manière générale, Barack Obama peut se payer le luxe de bouder les grands médias, quels qu’ils soient. À lui seul, son compte Twitter, avec sa trentaine de millions d’abonnés, lui assure tous les jours le plus grand des auditoires. «C’est tout de même étonnant qu’Obama soit si hostile à la presse. C’est un libéral. La presse prétend l’être. C’est un intellectuel. Les journalistes sont de plus en plus des produits d’universités d’élite. Les mauvaises relations entre les deux sont évidentes», assure, dans un échange de courriels, Stephen Hess de l’Institut Brookings.

«Mr. Nice Guy» a vraiment disparu du radar médiatique.

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