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Obama contre les clandestinos

Photo: Getty

Barack Obama est devenu l’«expulseur en chef» des immigrants clandestins. Aucun président américain avant lui n’a déporté autant d’«illégaux». Pourquoi?

Le surnom de «deporter in chief» lui a été donné par les Latinos. Ils avaient pourtant voté pour le prix Nobel de la paix à plus de 70% en 2008 et en 2012. Les trois quarts des 12 millions de clandestins viennent du sud du Rio Grande. La plus grande puissance économique de la planète a besoin de leurs bras. Ils travaillent dur, n’ont aucun droit et sont méprisés.

«Donnez-moi vos pauvres, vos épuisés […] Envoyez-moi vos sans-abri, les naufragés de la vie […]». Ces vers sous les pieds de la statue de la Liberté ne s’adressent bien sûr pas aux 400 000 Mexicains et Sud-Américains entrant tous les ans en douce aux États-Unis. C’est le nombre annuel de clandestinos expulsés par l’administration Obama.

Au total en six ans, les démocrates à la Maison-Blanche en ont chassé plus que les républicains de George W. Bush en huit ans. Comment l’expliquer?

Obama rêve de réussir là où tous ses prédécesseurs se sont cassé les dents: voter une loi régularisant les clandestins. Pour y arriver, il doit bien sûr séduire les républicains, mais aussi les démocrates conservateurs. Il a donc sorti le bâton contre les sans-papiers en espérant avant la fin de son second mandat leur offrir la carotte de l’amnistie.

Mais sa régularisation sera assortie de conditions musclées: payer une amende de 500$, avoir foulé le sol américain avant le 31 décembre 2011, n’avoir commis aucun délit (la moitié des expulsés sont considérés comme «criminels» pour avoir falsifié leurs papiers d’identité), parler correctement l’anglais, attendre 10 ans avant de devenir citoyen américain et surtout ne pas dépendre des aides sociales.

En 1986, l’archiconservateur Ronald Reagan n’avait pas été aussi dur en amnistiant 3 millions d’illégaux. Il est vrai que cette «générosité» pour plaire à un patronat capitalisant sur les bas salaires, avait été suivie d’un nouvel afflux de sans-papiers.

Obama doit tenir compte de la crise économique et financière de 2008. Loin d’être finie, elle a attisé la xénophobie, comme les attentats du 11 septembre 2001.

Quand, avant les élections de 2012, il a signé un décret (Dream Act) suspendant l’expulsion de 1,7 million de jeunes entrés illégalement avec leurs parents, l’électorat latino-américain a été le seul à applaudir.

Ces derniers jours, Obama a rencontré des représentants de la communauté hispanique pour les «rassurer». Il croit encore à l’adoption de sa «grande» réforme à la Chambre des représentants. Elle ressemblera sans doute à celle sur la santé. Édulcorée. En attendant, il ne cesse de donner des gages de bonne volonté à ses adversaires, lui qui a déjà expulsé plus de deux millions de clandestinos.

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