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Sarkozy, perpétuel présumé coupable

Humoriste corrosif, très à gauche politiquement, Guy Bedos fait rire et réfléchir les Français depuis plus d’un demi-siècle. Quand il parle de Nicolas Sarkozy, un mot lui suffit: prison!

«Depuis le temps, avec toutes ses casseroles (…)», devait-il dire au Figaro. C’était le 5 juin. Avant la garde à vue et la mise en examen, la semaine dernière, de l’ex-locataire de l’Élysée pour trafic d’influence et corruption dans l’affaire d’un financement libyen de sa campagne de 2007.

Si Bedos et les adversaires politiques de Sarkozy, à gauche comme à droite, se réjouissent de ces nouvelles «casseroles», la question se pose, encore et toujours: un ancien homme d’État, français ou non, peut-il vraiment se retrouver derrière les barreaux?

En théorie, oui. Et en pratique? C’est plausible. Sarkozy est un justiciable comme un autre. Jacques Chirac, son prédécesseur, est l’exemple maintes fois cité, avec sa condamnation pour détournement de fonds publics quand il était maire de Paris. Il a purgé ses deux ans de prison… à l’extérieur d’une cellule, car il bénéficiait d’un sursis.

Si Sarkozy est condamné à une peine inférieure à cinq ans, un sursis pourrait lui être accordé. Il n’a jamais été sanctionné pour quoi que ce soit. C’est un perpétuel présumé coupable. Il bénéficie de la présomption d’innocence. Même si politiquement l’opinion publique l’a déjà jugé, sur le plan judiciaire il est encore blanc comme neige.

Dans tous les cas, ce n’est pas demain la veille qu’il se retrouvera devant les tribunaux: le temps de la justice est long, il se compte souvent en années.

Dans le pire des scénarios, Sarkozy pourra toujours espérer finir comme Silvio Berlusconi. L’ancien premier ministre italien, mis en examen dans toute une série d’«affaires», a été condamné en avril à travailler bénévolement pendant un an auprès de personnes âgées.

Pour l’heure, comme Il Cavaliere en son temps, Sarkozy joue à la victime et dénonce un complot destiné à l’abattre politiquement. C’est de bonne guerre.

Le credo est le même pour tous les anciens dirigeants ayant eu maille à partir avec la justice. Ils sont aussi innocents que l’agneau venant de naître. Ehud Olmert, l’ancien premier ministre israélien, vient de faire appel de sa condamnation à six ans de prison pour corruption. L’Égyptien Hosni Moubarak et le Péruvien Alberto Fujimori jurent eux aussi ne pas avoir volé les deniers de l’État quand ils étaient au pouvoir. Peine perdue. Ils sont à l’ombre, l’un jusqu’en 2017, l’autre pour les 20 prochaines années.

On le voit, les grands délinquants de la politique sont souvent impuissants devant le bras armé de la justice. Nicolas Sarkozy a été placé en garde à vue, à l’instar de 800 000 Français annuellement. Il risque 10 ans de prison. Qu’il les fasse ou non, son retour en politique est verrouillé à double tour.

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