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Obama, Goethe et l’Irak

Photo: Getty

Barack Obama a le don de se tromper. En janvier, il relativisait ainsi la menace des djihadistes d’État islamique (EI): «Ce n’est pas parce qu’une équipe de juniors porte le maillot des Lakers que cela en fait des Kobe Bryant.»

L’analogie avec la grande vedette de l’équipe de basket-ball de Los Angeles, publiée en janvier dans le New Yorker, a de quoi faire réfléchir. Ainsi donc, avec les frappes aériennes américaines ciblées contre les barbus extrémistes sunnites, ces derniers ne sont plus de «petits» joueurs dans la poudrière moyen-orientale?

Il aura sans doute fallu la proclamation d’un califat islamique en Irak pour qu’Obama change son fusil d’épaule et les prenne enfin au sérieux. Après tout, ils menacent toute la région.

Contrairement à la Syrie, où la guerre civile a déjà fait plus de 150 000 morts, Obama a finalement décidé d’agir pour éviter un «génocide» contre notamment les chrétiens irakiens.

Cependant, il a laissé pourrir la situation. Au nom d’une doctrine qui peut se résumer par ces mots: «Plus jamais d’Irak!» Il fallait exorciser cette guerre qu’il a toujours qualifiée d’«absurde».

Mais voilà, oublier un conflit ne met pas pour autant fin au brûlot en plein cœur du Moyen-Orient. Pendant que le successeur de George W. Bush réfléchissait et consultait, les djihadistes se sont emparés de 17 villes. Les bombes américaines qu’ils reçoivent à présent vont-elles les immobiliser? Bien sûr que non. Elles donneront même naissance à de nouveaux extrémistes.

«Chaque bombe va leur permettre de recruter de nouveaux adeptes», explique Phyliss Bennis, de l’Institute for Policy Studies (IPS), un think tank basé à Washington (échange de courriels).

Alors pourquoi ces frappes aériennes?

Les djihadistes d’EI viennent de prendre le plus grand barrage irakien sur le Tigre. Ils contrôlent désormais les ressources hydriques et hydroélectriques du pays. Tout cela aux portes de Bagdad. «L’eau est aussi importante que le pétrole!» précise Bennis. Peu importe les raisons des frappes aériennes, les États-Unis, avec ou sans Obama, resteront longtemps embourbés dans le guêpier irakien.

Ils ont mis fin à la dictature de Saddam Hussein avec leur intervention unilatérale de 2003, prétextant des armes de destruction massive jamais trouvées. Ils doivent à présent, directement ou non, gérer le chaos irakien. Goethe préférait l’injustice au désordre. Le poète allemand avait-il raison?

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