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Partie de poker entre Moscou et l’Occident

L’agence russe de protection des consommateurs a un nom imprononçable pour qui ne parle pas la langue de Tolstoï, mais Rospotrebnadzor a tranché: quatre McDonald’s de Moscou doivent rester fermés pour «violations sanitaires».

Est-ce un scandale de viande avariée comme celui qui touche la chaîne de restauration rapide en Chine? Pas du tout. Souvent, lorsque Moscou a maille à partir avec un pays, Rospotrebnadzor intervient.

Ainsi, en 2006, les vins de Géorgie et de Moldavie (deux ex-républiques soviétiques) furent soudainement bannis à cause de leur «faible qualité». Ils étaient pourtant très populaires.

Les déboires de McDo en Russie, où le géant mondial du hamburger compte 438 restaurants dont un est le plus fréquenté de la planète, ont pour toile de fond la guerre de sanctions liée à la crise ukrainienne.

Burger King, qui a 200 restaurants en Russie, est aussi épinglé pour des raisons sanitaires. Même Jack Daniel’s est sur le banc des accusés. Le whisky américain contiendrait des substances chimiques allergènes.

L’Ukraine n’est pas en reste. Son chocolat est devenu «cancérigène», et sa pomme de terre, son lait et son fromage sont désormais interdits à cause de la présence de «résidus d’antibiotiques».

On le voit, Rospotrebnadzor est sans contexte l’agence des «microbes étrangers». La liste va donc s’allonger au cours des prochains jours.

De manière générale, Moscou a décrété «un embargo total» d’un an sur les produits agroalimentaires américains, canadiens (plus de 300 millions en viande de porc sont exportés annuellement) et européens.

La Russie, qui importe 35 % de sa consommation alimentaire, se tire-t-elle une balle dans le pied?

De son côté, en imposant une série de sanctions contre Moscou, l’Occident espère faire plier la Russie de Poutine. Mais l’embargo américain sur Cuba, en vigueur depuis plus de 50 ans, n’a pas fait tomber le régime castriste. Alors?

Les sanctions vont plutôt radicaliser le nationalisme des Russes qui, de tout temps, se sont sentis assiégés. Elles vont aussi fragiliser les perspectives économiques du plus grand pays du monde, en termes de superficie, et surtout accélérer la dégradation des conditions de vie de ses habitants, qui font déjà face à un taux d’inflation frisant les 8%. Tout cela prend une allure de guerre commerciale.

Mais dans la partie de poker, car c’en est une, entre Moscou, Washington et Bruxelles, Poutine a un atout dans sa manche: 34% des importations pétrolières et 32% du gaz consommé dans l’Union européenne proviennent de Russie. Qui jettera les cartes le premier?

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