Soutenez

Quand la Catalogne rêve à l’Écosse

L’un permet la tenue d’un référendum. Typically British! L’autre s’y oppose bec et ongles. ¡Viva España! L’Écosse optera peut-être pour l’indépendance jeudi. La Catalogne, elle, ne peut décider de son avenir.

Lorsqu’il s’agit de prendre le taureau par les cornes et de faire face aux questions identitaires de leurs minorités, Londres et Madrid ne sont pas dans la même arène politique.

David Cameron, le premier ministre britannique, a dit oui au vote sur l’avenir de la partie septentrionale du Royaume-Uni. Mariano Rajoy, son homologue espagnol, oppose une fin de non-recevoir à la tenue d’un référendum en Catalogne.

Artur Mas, le président nationaliste de la région autonome du nord-est espagnol, veut en tenir un le 9 novembre. Des centaines de milliers de Catalans sont descendus jeudi dans les rues de Barcelone pour réclamer le droit de se prononcer sur leur avenir qu’ils veulent majoritairement, selon les derniers sondages, en dehors de l’Espagne.

Presque toutes les frontières européennes ont été modifiées par les guerres, pourquoi alors ne pas les changer par la démocratie?

L’article 2 de la Constitution espagnole stipule cependant «l’indissoluble unité de la nation» et dans l’article 92 il est clairement indiqué que tout référendum doit s’adresser «à tous les citoyens». Pas seulement aux 7,5 millions de Catalans. Les indépendantistes se sentent piégés. D’autant que même s’ils devaient remporter leur référendum, le vote sera aussitôt invalidé par le Tribunal constitutionnel chargé de veiller au respect de la Constitution. Il y a quatre ans, le Tribunal avait d’ailleurs privé la Catalogne de son statut de «nation».

Depuis, la fièvre indépendantiste a gagné cette riche région industrielle, mais fortement endettée.

Quand Sean Connery, le premier des James Bond qui fait campagne pour le «Yes» en Écosse, déclare qu’«il n’y a pas d’acte créatif plus beau que celui de donner naissance à une nouvelle nation», les indépendantistes catalans vibrent. Mais il y a encore loin de la coupe aux lèvres. Le camp du «Non» en Écosse reprend du poil de la bête.

«Il fait de vagues promesses sur des pouvoirs accrus sans qu’il puisse vraiment préciser en quoi ils consistent», note David McCrone, professeur émérite de sociologie à l’Université d’Édimbourg (échange de courriels).

Partisan du «oui», McCrone n’aime pas la comparaison entre l’Écosse et le Québec, qu’il connaît bien pour y être venu une demi-douzaine de fois. Il n’oublie pas les référendums perdus de 1980 et de 1995.

La Catalogne, qui a plus d’autonomie que l’Écosse, mais beaucoup moins que le Québec, est convaincue que Madrid rejette tout référendum sur son avenir par crainte de voir le oui l’emporter. C’est plausible. Mais si Londres a donné son aval au vote écossais de jeudi, confiant en la victoire du «Non», il s’est peut-être trompé…

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.