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Silence, on tue en Birmanie…

Les politiques discriminatoires adoptées à l’encontre des Rohingyas par le gouvernement birman et le laissez-faire des autorités face aux exactions perpétrées contre cette minorité musulmane laissent deux choix à cette dernière: partir ou mourir. Photo: Getty

Pendant que des chrétiens sont décapités en Irak, en Syrie et au Nigeria, les musulmans de Birmanie sont persécutés dans le silence médiatique le plus total. Et pourtant…

Heureusement, dans son édition de jeudi dernier, le New York Times a levé le voile sur le «nettoyage ethnique» dont sont victimes les Rohingyas. «La citoyenneté leur est refusée, ils ont été chassés de leur domicile, leurs terres ont été confisquées, ils sont attaqués par les militaires.»

Comment expliquer l’intérêt soudain du prestigieux quotidien pour le million de musulmans que compte la Birmanie, majoritairement bouddhiste?

Barack Obama est en visite officielle cette semaine dans ce pays du Sud-Est asiatique. Il évoquera sans doute leur sort dans ses discussions avec le président Thein Sein. Toute persécution religieuse, quelle qu’elle soit, ne peut être tolérée, dira-t-il à son homologue birman.

Certes, les drames humains ne manquent pas aux quatre coins du globe et ils ne peuvent tous être médiatisés. Il faut cependant être à l’écoute des organisations humanitaires qui dénoncent régulièrement la «persécution tolérée» des Rohingyas, apatrides dans leur propre pays où ils ne figurent même pas sur la liste officielle des 135 minorités birmanes.

Ashin Wirathu, moine bouddhiste de 45 ans, est depuis quelques années accusé de traquer le Birman musulman, qu’il compare à un serpent venimeux, «dangereux où qu’il soit».

Il bénéficierait de l’appui des militaires. Diviser pour régner en attisant les tensions religieuses afin de ralentir la transition démocratique promise il y a trois ans est une vieille recette politique. Elle fera toujours ses preuves.

Wirathu est souvent présenté comme un «Ben Laden bouddhiste», à cause de ses sermons xénophobes qui ne sont d’ailleurs pas dénoncés par Aung San Suu Kyi, la figure emblématique de l’opposition birmane.

Dans une interview accordée le 24 octobre 2013 à la BBC, la prix Nobel de la paix a même confié ceci: «Vous accepterez, je pense, l’idée qu’il existe une puissance musulmane, une puissance musulmane mondiale, très forte. C’est ce qui est ressenti dans de nombreuses parties du monde, et également dans notre pays.»

En Birmanie, les Rohingyas, moins de 4% des 55 millions d’habitants, sont accusés de dominer le commerce dans l’État d’Arakan (ouest du pays) et la croisade de Wirathu a conduit certains de ses disciples à massacrer au sabre, à brûler vifs ou à lyncher des centaines de musulmans l’an dernier. Pour l’ONU, les Rohingyas sont «la minorité la plus persécutée au monde».

On est loin de l’image de tolérance et de médiation du bouddhisme. Mais chaque religion a ses extrémistes et donne naissance à ses propres monstres. Wirathu est convaincu que la sienne est menacée par l’islam.

C’est un peu comme voir dans le moindre barbu fréquentant une mosquée un terroriste en puissance…

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