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Tant qu’il y aura des histoires à raconter…

Photo: Getty

Plusieurs heures après l’attentat contre Charlie Hebdo, le «compteur» notant le nombre de reporters morts depuis le début de l’année n’avait pas été mis à jour sur le site de la Fédération internationale des journalistes (FIJ).

Il était resté immobilisé au chiffre «un», avec l’assassinat, dimanche, de Khalid Mohammed al-Washali, de la chaîne yéménite Al-Masirah TV.

Au total, l’an dernier, 118 journalistes sont tombés sur les champs d’honneur de l’information, surtout en Syrie et en Irak. Souvent dans l’indifférence générale, dans un monde en déficit d’attention face à l’Himalaya d’information au quotidien.

«La personne chargée de mettre à jour le compteur de la FIJ est pour le moment très sollicitée pour des interviews», précise, dans un échange de courriel, Adrien Collin, porte-parole de la plus grande organisation de journalistes au monde, basée à Bruxelles et fondée en 1926, une trentaine d’années avant qu’Albert Camus lance ce cri de cœur : le journalisme est «le plus beau métier du monde».

L’auteur de L’Étranger a toujours raison, même si les Français ne sont pas tendres à l’égard de leurs journalistes qu’ils estiment trop près des pouvoirs. Ce n’était en tout cas pas le cas des caricaturistes et journalistes de Charlie Hebdo qui, tous les jours, vivaient selon le principe d’Albert Londres.

Le grand reporter français du début du XXe siècle rappelait ceci: «Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie.»

Mais voilà, les dérapages médiatiques en hausse (logique émotionnelle et marchande oblige!) ont donné plusieurs yeux au beurre noir à l’«ouvrier de l’information».

Un peu partout dans le monde, les journalistes ont mauvaise presse. Le répéter relève désormais du cliché. Alors, le journalisme est-il à l’article de la mort, à l’heure des journalistes citoyens?

Non, même si les robots-reporters ont fait leur apparition l’an dernier pour rédiger les bilans financiers du magazine Forbes et les comptes rendus d’événements sportifs de l’Associated Press, la plus grande agence de presse au monde.

De manière générale, tant qu’il y aura des histoires à raconter, il faudra de véritables salles de rédaction. Dans tous les cas, les journalistes n’ont pas dit leur dernier mot. Que ce soit à Charlie Hebdo ou ailleurs.

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