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Chisa-iiyu, nos trésors nationaux

Photo: Archives

Depuis le début de son mandat, le Parti libéral du Québec ne cesse de sauter d’une gestion de crise à une autre. Parmi les 1001 bourdes du ministre de la Santé, celles qui m’ont profondément horrifiée sont les polémiques entourant les aînés. Quand je repense aux propos de celui-ci dans le dossier des patates en poudre, j’ai mal. Un événement tellement grossier qu’il a même été repris dans le Bye Bye. Et ce n’est pas la première fois que Gaétan Barrette s’en prend à la dignité de nos aînés. En avril 2015, on apprenait que des employés d’un CHSLD situé dans les Laurentides prodiguaient des soins hygiéniques aux patients en dehors de leurs quarts de travail. Contrairement au Dr Barrette, ceux-ci jugeaient qu’un bain par semaine est totalement inadéquat.

La maltraitance envers les aînés peut prendre plusieurs formes : maltraitance physique, maltraitance psychologiques ou émotionnelle, maltraitance sexuelle, maltraitance matérielle ou financière, violation des droits de la personne et négligence. Au Québec, on estime qu’entre 10% et 15% des aînés ont été victimes de maltraitance; 80% de ces abus ne sont pas signalés, probablement à cause du manque de ressources, de la peur et de l’isolement. Alors que la population du Québec est vieillissante, il est temps de se pencher sur le problème.

Si les conditions de vie dans certains CHSLD sont inacceptables, c’est parfois la seule option possible pour les personnes qui doivent prendre une décision pour un proche en perte d’autonomie. Le rythme de vie effréné que mènent actuellement les Québécois pour subvenir à leurs besoins les empêche souvent de devenir des aidants naturels. Le temps: ce facteur qui nous nuit. C’est d’ailleurs un des cinq chantiers sur lesquels s’est penché l’IRIS dans son livre Cinq chantiers pour changer le Québec.

Les chercheuses Eve-Lyne Couturier, Minh Nguyen et Julia Posca ont émis trois propositions pour combattre la mauvaise gestion du travail au Québec: passer de deux à trois puis éventuellement à quatre semaines de vacances obligatoires par année, diminuer progressivement la semaine de travail à 32 heures et créer un congé universel pour projet personnel. Cela vise non seulement à améliorer la santé des Québécois et à stimuler l’économie, mais aussi à permettre aux gens de passer du temps avec leurs proches. Quand je regarde les propositions de l’IRIS, je pense aux nombreuses personnes qui se sont confiées à moi l’automne dernier à propos de leur incapacité à devenir des aidants naturels.

Le temps des Fêtes est un moment de réjouissances pour la plupart d’entre nous. Pour ma part, j’ai eu la chance de passer du temps avec mes grands-parents et nuhkum, ma grand-mère. En vieillissant, je me rends compte qu’ils ne sont pas éternels et que j’ai du mal à concevoir ma vie sans eux. En cri, le mot pour dire «aîné» est chisa-iiyu: «grande personne». Il n’y a pas de mot péjoratif pour décrire un aîné. Ils sont nos trésors nationaux, gardiens des traditions et de notre culture. Si j’ai un souhait pour 2017, c’est que le gouvernement cesse de traiter ces personnes comme des citoyens de seconde classe.

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