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Les maladies mentales ne sont pas sexy

Cette semaine, la reine des ballades tristes, Lana Del Rey, lançait sa chanson Love, après 17 mois d’absence. Mis à part le titre très peu surprenant, j’ai été satisfaite de constater que celle qu’on surnomme aussi Lizzy n’a pas été fidèle à son habitude de glamouriser la dépression.

Ça fait quelques années déjà que c’est commencé, cette mode de rendre «sexay» la maladie mentale. Ce n’est pas seulement un problème de jeunes sur Tumblr. Je me dis que c’est probablement parce que celles et ceux qui y contribuent n’ont jamais passé plusieurs semaines dans leur lit à être trop fatiguée pour pleurer et à ne pas vouloir bouger de là.

La dépression, c’est handicapant. J’en ai fait une tous les ans depuis l’âge de huit ans, et même si j’étais passée par là souvent, je n’étais pas davantage en mesure de cacher ça. La dépression ne s’accompagne pas seulement de symptômes émotionnels. La perte d’énergie et d’appétit, les douleurs articulaires, les déficiences psychomotrices, l’insomnie et l’hypersomnie font de cette maladie mentale une expérience franchement éprouvante physiquement. On n’a évidemment pas tous la même façon de vivre avec la dépression, mais t’as pas envie de te promener en moto au crépuscule en portant une robe soleil et en affichant un petit air «tristou», contrairement à ce que les clips de Lana Del Rey peuvent suggérer.

Les personnes atteintes d’une maladie mentale souffrent beaucoup du discours «sad but beautiful», nourri par des compagnies comme Forever 21 ou Target. L’an passé, Target suscitait la controverse avec un de ses chandails où on pouvait lire «OCD : Obsessive Christmas Disorder». Cela peut paraître inoffensif, voire drôle pour plusieurs, mais cela participe de la marginalisation des personnes qui souffrent de ces maladies et qui en souffriront toute leur vie. Il y a encore beaucoup de stéréotypes qui entourent nos conditions. Je suis bipolaire de type 2 et il m’arrive souvent d’entendre dire: «Ah, donc tu fais des crises de colère, c’est ça?» C’est très loin d’être ça. Un nombre trop important de gens croient encore qu’être bipolaire, c’est basculer d’une émotion à l’autre en quelques minutes, mais c’est bien plus complexe que ça. La transition d’une phase à une autre se fait sur plusieurs semaines. Heureusement, avec un bon suivi, on peut mener une vie somme toute stable. Même chose pour le trouble obsessionnel compulsif. Ce n’est pas parce que tu aimes que ta maison soit bien rangée que tu as un TOC. Les rituels compulsifs peuvent durer la majeure partie de la journée et participe de l’isolement de la personne qui en souffre. Rien à voir avec l’assiduité avec laquelle on fait sa vaisselle.

Un Québécois sur cinq souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie. La mécompréhension des symptômes nuit tout particulièrement à la progression scolaire, aux relations avec autrui, et exacerbe la discrimination par les employeurs. Je ne peux pas briser tous les stéréotypes entourant les maladies mentales en 500 mots. Par contre, je trouve important qu’on en parle, et pas juste une fois par année, durant la journée Bell Cause.

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