Bedabiin (L’aube)

Je vous ai parlé de quelques discussions du sommet DetermiNATION la semaine dernière. La deuxième journée a été chargée pour la jeunesse autochtone, notamment sur la question des embûches à notre militantisme.

Ce qui est sorti des discussions fait mal au cœur. Le constat est que notre travail est douloureux, alors qu’il devrait nous faire sentir puissants. Les seules tribunes qui nous sont offertes existent pour nous retraumatiser et nous sommes fatigués de tisser des liens à partir de nos traumatismes collectifs.

Là est le défi : comment informons-nous la jeunesse autochtone des différents systèmes coloniaux sans la mettre en rogne? La colère n’est pas mauvaise en soi, mais nous devons trouver des moyens pour qu’elle évolue vers quelque chose de concret et de positif.

Une partie de mon travail est d’expliquer aux miens les lois qui affectent notre quotidien, dont la Loi sur les Indiens.

Nous devons ensuite nous pencher sur des actions concrètes pour contrer les forces coloniales qui pèsent sur nous. Hier, le projet de loi C-262 a été adopté à la Chambre des communes. Je vous ai écrit tout au long de ce processus et le projet de loi passe finalement au Sénat.
C-262 constitue un outil pour notre empowerment.

La Déclaration des droits des peuples autochtones des Nations unies me servira de documentation dans ma nation.

«Voici l’histoire de notre colonisation, mais voici les leviers qui te sont offerts pour changer la donne» est quelque chose que je pourrai maintenant dire, alors que C-262 fait son chemin jusqu’à la Chambre haute du Parlement canadien.

Il y a 34 ans, mon père se préparait à aller pour la première fois à Genève, afin d’écrire la déclaration.

Trente-quatre ans plus tard, la déclaration qu’il a écrite pendant 23 ans est proche d’être une loi canadienne qui ne crée pas de nouveaux droits, mais qui les définit. Je cherche mes mots. Je n’y arrive pas.

Mon peuple aura peut-être finalement des droits sur son propre territoire.