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Le sexe

Dimanche, il y aura une élection présidentielle au Brésil. La lutte sera chaude entre le candidat sortant, du Parti des travailleurs, et son principal concurrent, un ancien du Parti des travailleurs qui s’est rallié au Parti socialiste pour cette élection.

Ah oui, et ce sont des femmes.

Le sexe change-t-il quelque chose en politique? J’ai longtemps cru, naïvement, que ça prenait des femmes chefs pour avoir des politiques publiques «féminines» – empathiques, consensuelles, empreintes de justice et d’égalité. Que j’avais tort! J’ai découvert Margaret Thatcher, Condoleezza Rice, Marine Le Pen…

Un tour d’horizon du phénomène à l’échelle internationale est sans appel: il n’y a pas de corrélation entre la présence de femmes à la tête d’un pays et l’égalité réelle des sexes dans la population de ce pays. L’Inde a eu une présidente et une première ministre. Pourtant, c’est un pays où les femmes subissent une effroyable violence structurelle. L’Amérique du Sud, longtemps considérée comme le continent du machisme, compte le plus grand nombre de pays ayant été dirigés par une femme.

Revenons au Brésil. La candidate socialiste, Marina Silva, est une grande défenseuse du bien commun. C’est une écologiste convaincue et l’alliée des peuples autochtones. Elle a dénoncé les conditions de travail des récolteurs de caoutchouc de l’Amazone. Mais cette gauchiste finie est aussi… conservatrice morale: elle s’oppose à l’avortement et au mariage gai. Et elle s’est fait connaître en 2008 pour son intransigeance: elle a claqué la porte du cabinet de l’ancien président Lula da Silva refusant de faire des compromis sur des projets de développement.

Marina Silva, comme les autres femmes que j’ai nommées, ont en commun d’être décidées, pour ne pas dire bornées, d’être preneuses de risques, de ne pas reculer devant la confrontation, d’être belliqueuses même. Ces qualités facilitent l’accession à des postes de pouvoir en politique. Mais font-elles de bons leaders?

La journaliste Pascale Navarro écrivait ce qui suit dans son essai Les femmes en politique changent-elles le monde?: «Collectivement, (les femmes) ont appris à soigner, à nourrir, à administrer pour le bien de tous. Ça ne veut évidemment pas dire qu’elles ne savent faire que ça, ni que toutes les femmes sont des mères Teresa! Et cela ne signifie pas non plus que seules les femmes en sont capables. Mais comment ne pas voir que ces qualités sont nécessaires pour gouverner? Et qu’elles caractérisent souvent les dirigeants éclairés et visionnaires?»

Qu’on soit d’accord avec elle ou pas, on doit constater que ces traits de caractère ne servent pas, dans le système actuel, à accéder à des postes de pouvoir. C’est donc tous ceux et celles qui souhaitent gouverner avec ces qualités qui sont pénalisés. Et disons-le: ce sont en majorité des femmes.

Après des décennies de progrès, il semble y avoir un blocage: les femmes n’ont pas fait leur entrée massive dans les parlements. Pour faire contrepoids à une culture politique qui favorise systématiquement un tempérament plutôt qu’un autre, le système devra intégrer des règles sur la parité et les quotas.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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