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Et si vous adoptiez un édifice abandonné?

Photo: Jean-François Séguin

Les récentes controverses entourant la bibliothèque Saint-Sulpice et le square Viger nous ont rappelé deux réalités auxquelles nous sommes confrontés depuis des décennies quant à la sauvegarde de notre patrimoine bâti.

Tout d’abord, notre respect envers ce patrimoine est limité, notamment sur le plan politique. Vendre aux enchères, en catimini, une œuvre centenaire de style Beaux-Arts de l’ampleur de la bibliothèque Saint-Sulpice est un exemple choquant, pour ne pas dire une pure insulte envers les bâtisseurs de notre ville.

Ensuite, les médias et le public ont un rôle crucial à jouer dans la sauvegarde de ce patrimoine. On ne sait toujours pas si la pression populaire fera reculer les bulldozers du square Viger, mais dans le cas de l’édifice des sulpiciens, la pression médiatique et citoyenne a finalement forcé Québec à prendre ses responsabilités et à stopper la vente de la bibliothèque. Une petite victoire.

Cela dit, les citoyens pourraient-ils jouer un plus grand rôle dans la préservation du patrimoine de nos quartiers? L’organisme Héritage Montréal en est convaincu et lancera à cet effet, en octobre prochain, une plateforme virtuelle qui permettra «d’adopter» un édifice ou un site montréalais vulnérable.

Grâce à cet outil, les Montréalais pourront cartographier les édifices en manque d’amour dans leur secteur, obtenir de l’information sur ces derniers (propriétaire, statut patrimonial, caractéristiques historiques, etc.) et mobiliser leur voisinage autour de projets structurants afin de leur assurer un avenir décent.

«Le premier objectif est de faire connaître l’histoire des lieux qui se retrouveront sur la plateforme, m’expliquait récemment un des initiateurs du projet, Jonathan Lapalme. Ça facilitera aussi l’engagement citoyen envers notre patrimoine en permettant de partager des idées autour de sites délaissés [ou en voie de l’être] et de démystifier les actions qui peuvent être posées pour les préserver.»

«La plateforme permettra de jouir d’un certain recul par rapport à l’état de notre patrimoine. On parle souvent du patrimoine à la pièce, mais on n’a pas nécessairement d’outils pour avoir une vue globale de la situation à l’échelle de l’île.» – Jonathan Lapalme, initiateur de la plateforme virtuelle

La plateforme proposera ainsi diverses ressources pour faciliter la réalisation d’un projet communautaire, de la mobilisation citoyenne jusqu’à la vulgarisation des aspects législatifs et politiques liés au patrimoine.

M. Lapalme reste cependant bien conscient du défi de taille qui attendra les Mont­réalais qui désireront s’impliquer dans leur quartier avec cet outil. Les démarches pour mobiliser leur entourage, notamment leurs élus, risquent d’être longues et ardues. Sans compter qu’ils devront réussir à dénicher les ressources financières nécessaires à la réalisation de leur objectif, que ce soit par du sociofinancement, par l’appui de mécènes ou grâce à des programmes de subventions.

«Dans bien des cas que nous avons étudiés, les démarches [pour sauvegarder un site] ont commencé par une action de moindre importance, indique-t-il. Par exemple, la réhabilitation de la Fonderie Darling a été amorcée par un artiste qui a mis une boule disco en plein milieu du bâtiment. Ç’a été la bougie d’allumage pour démontrer le potentiel du site. D’autres actions temporaires ont suivi, pour finalement mener à la réhabilitation permanente du lieu.»

En d’autres mots, la patience sera de mise.

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