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Musique, couronne de fleurs et GHB

Photo: Chantal Levesque/Métro

Quand Mélanie Doucet a expliqué à la responsable de la sécurité d’Osheaga qu’elle avait détecté la présence de GHB dans son verre, la veille, et demandé à ce que le personnel redouble de vigilance, on lui a répondu qu’elle aurait dû faire plus attention.

C’était écrit dans le ciel que ça arriverait, qu’une fille verrait sa fin de semaine musicale gâchée par la malencontreuse présence de la drogue du viol dans son drink et par le manque de sollicitude d’un personnel débordé et dépassé. Pas à cause de la façon dont les filles étaient habillées, nonobstant le nombre de commentaires que cela a suscité dans les médias sociaux. Pas en raison de la promiscuité entre filles et garçons ou de la présence d’alcool. Pas parce que les gars seraient de faibles créatures incapables de contrôler leurs pulsions. Parce que la culture du viol semble faire partie des mœurs des festivals de musique les plus branchés de la planète.

Trois viols ont été recensés à Glastonbury en 2015, une cinquantaine d’agressions ont été rapportées en Suède lors des festivals Bravalla et Putte I Parken, cet été, et une femme a subi un viol collectif à Suffolk en 2010. L’an dernier, ce qu’il convient d’appeler un douchebag arborait fièrement un t-shirt sur lequel on pouvait lire «eat, sleep, rape, repeat» (mange, dors, viole, recommence) au festival Coachella. Un t-shirt sur lequel on pouvait lire «Je cours plus vite quand je suis excité que toi quand tu as peur» a été repéré lors d’un autre festival californien.

Le Service de police de la Ville de Montréal ne peut pas confirmer le nombre de plaintes pour agressions sexuelles déposées dans le cadre d’Osheaga, la nature de celles-ci étant confidentielle. Et si on ne peut pas reprocher aux organisateurs de ces festivals le comportement de leurs festivaliers, on peut certainement s’attendre à ce qu’ils en fassent plus pour assurer la sécurité des fans de Mø, Baauer et Flume.

Une culture, ça se change. Quand un festival se fait reprocher de produire trop de déchets, il se vante par la suite d’avoir adopté de la vaisselle biodégradable. Des condoms sont distribués dans plusieurs événements pour limiter la transmission des MTS. On a vu des laboratoires ambulants évaluer la qualité des drogues de synthèse à l’époque des raves. Et à la suite de critiques légitimes l’année dernière, Osheaga a décidé que c’en était assez des coiffes autochtones… mais pas de ce rappeur misogyne qui fantasmait à l’idée de déjeuner sur une le corps d’une fille morte.

L’organisme Soundcheck, qui vise à prévenir les agressions sexuelles dans les festivals, propose plusieurs pistes de solution pour améliorer la sécurité des filles, notamment en formant les responsables des points de contrôle à reconnaître les signes qu’une personne est en danger. On pourrait aussi cesser d’ériger ceux qui font la promotion du viol au panthéon de la coolitude, au même titre que les lunettes miroir rondes, les camisoles à franges et le retour des Stan Smith.

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