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Bonne fête du déménagement quand même

J’espère que vous vous êtes remis de votre tour de reins post-ascension-de-frigo dans l’escalier en tire-bouchon et que vous commencez à voir la lumière au bout des boîtes de carton, parce que ce que je vais vous annoncer risque de vous faire tomber en bas de votre chaise IKEA fraîchement assemblée. Un groupe Facebook de Canadiens très, très fâchés a été créé le 1er juillet pour dénoncer la tendance qu’ont certains à parler de cette journée comme de la fête du déménagement. «It’s Canada day NOT, moving day», s’intitule le groupe.

On y dénonce certains commerces, comme Best Buy, qui reconnaissent cette spécificité bien québécoise en proposant une promotion «fête du déménagement» dans la Belle Province, alors que la même promotion titille la fibre canadienne dans les autres provinces. Un gestionnaire de communauté de la STM a même dû sortir son manuel de diplomatie après avoir souhaité un bon déménagement aux usagers du transport en commun en omettant de souligner la fête du plus beau pays du monde. Parmi les adeptes du groupe, certains ont menacé de boycotter Best Buy.

Premièrement, à ces gens-là, je demande de se calmer. N’en déplaise à votre ego patriotique, une fête nationale n’est ni un jour national de deuil, ni un certificat d’exclusivité sur l’un des 365 jours de l’année. Des tas de journées internationales se partagent la vedette. Est-ce qu’on entend Roy Dupuis se plaindre que la journée internationale des rivières tombe le même jour que celle qui célèbre pi, le chiffre, pas le personnage de Yann Martel? À elle seule, la Namibie partage sa journée nationale avec cinq autres journées internationales, dont celle de l’élimination de la discrimination raciale, celle de la trisomie et celle des marionnettes.

Mais surtout, «fête du déménagement», c’est un peu de l’autodérision. On s’entend que personne ici ne trouve ça particulièrement brillant de déménager le pire jour de l’année, parce que tout est fermé, sauf heureusement les pizzérias et les dépanneurs pour la bière. Les déménageurs ne trouvent pas ça super, les gars du câble trouvent ça tannant, ceux qui louent des camions préféreraient pouvoir mieux organiser leur saison. En plus, ça donne une autre occasion au New York Times de rire de nous après les déboires de nos maires. «L’inefficacité et la frustration causées par le fait de concentrer les déménagements en une seule journée sont évidentes», pouvait-on lire dans le journal hier.

Qu’est-ce que ça dit sur nous, cette tradition? Qu’on est rigides, qu’on est des locataires, qu’on déménage souvent. Vous voulez nous écœurer encore plus? Ajoutez à cela qu’on a le plus haut taux d’abandon d’animaux durant cette période. Au fond, célébrer la journée du déménagement, c’est un peu une façon de rire de notre sort, plutôt que d’en pleurer. Alors, pourquoi enfoncer le clou, cher groupe Facebook fâché?

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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