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Pas question de dorloter l’intégrisme

Depuis le début des débats sur le projet de Charte des valeurs québécoises, la nature humaine en a emmené plusieurs à mettre les gens, tout comme les valeurs, dans des cases. Pour plusieurs, ceux qui s’opposent au projet du gouvernement ont ainsi été mis dans la case «amis des intégristes religieux». Comme si leur unique but, en s’opposant à ce projet, était d’ouvrir la porte à des débordements qu’ils cautionnaient.

Afin de démontrer le bienfondé de la charte proposée par le gouvernement, j’ai vu des tas de personnes, parmi elles des chroniqueurs tout à fait respectables, donner des exemples d’accommodements complètement déraisonnables. Or, la plupart des opposants à la charte n’approuvent absolument pas ces dérapages, ils croient tout simplement que la proposition simpliste du gouvernement non seulement ne parviendra pas à les éviter, mais qu’elle contournera les vrais problèmes et créera des tensions qui risquent de mener à des dérapages pires encore.

Exemples de dérapages envers lesquels la charte aura peu ou pas de pouvoir :

– Les demandes de certificat de virginité : la société a déjà dit NON à ces aberrations. La charte n’y changera rien, mais peut-être que le Collège des médecins pourrait sanctionner les médecins qui s’adonnent à de telles pratiques.

– Une professeure voilée qui entreprend de séparer les filles et les garçons à l’école, c’est NON. De là à punir toutes les femmes voilées pour le geste d’une seule, c’est non aussi.

– Des parents qui tuent leurs enfants parce qu’ils ne respectent pas les préceptes du Coran, c’est évidemment NON. Est-ce que la charte pourra y changer quelque chose? J’en doute. Ces enfants ont besoin de protection, et cette protection passe avant tout par l’intégration.

– Des mariages forcés? C’est NON.

– Des médecins qui refusent de prescrire des contraceptifs ou de procéder à des transfusions sanguines, c’est NON.

– Des hommes qui ne veulent se faire servir que par des hommes, c’est NON.

– Des vitres givrées au YMCA pour empêcher une communauté religieuse de voir des affaires qu’elle ne devrait pas voir selon sa religion, c’est NON.

– Demander ou donner un service à visage couvert, c’est NON.

– Des candidats aux élections municipales qui rencontrent des assemblées d’hommes d’où les femmes sont exclues, c’est NON.

– Des discours contre les homosexuels, c’est NON.

– Des hommes – et, devrais-je ajouter, des gouvernements – qui disent aux femmes comment s’habiller, c’est NON.

Vous pouvez continuer à invoquer ces exemples d’aberrations, puisqu’au fond, ce sont les points sur lesquels à peu près tous les Québécois se rallient. En ces temps de division, il est bon de se rattacher au peu qui nous unit. Mais de grâce, cessez de croire qu’une charte qui aura pour effet d’exclure des individus de la fonction publique sur la base de leur identité viendra nous sauver contre l’intégrisme religieux.

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