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Ce dont le monde a besoin pour voter orange

Photo: Philippe-Vincent Foisy/Métro

Françoise David était peut-être la seule opposante de Pauline Marois à se réjouir de la candidature de PKP au PQ hier. Alors que Legault et Couillard cachaient mal leur jalousie à l’égard de la prise spectaculaire du PQ, la députée solidaire, elle, cachait mal son sourire. Après tout, c’est à son parti que cette annonce risquait le plus de profiter. Pas que son candidat ait des chances de battre le magnat de la presse dans Saint-Jérôme, mais au moins, avec cette annonce, les choses sont claires : le PQ n’est plus un parti de gauche. Pas plus d’un point de vue économique qu’identitaire.

Alors qu’on reprochait jusqu’à il n’y a pas si longtemps à Québec Solidaire de diviser le vote souverainiste et progressiste, il devient évident que Québec Solidaire ne divise plus rien pantoute : il est le seul à se présenter comme parti souverainiste de gauche. C’est vrai, il y a aussi Option Nationale, avant que vous ne m’écriviez tous en même temps pour me le rappeler.

On pourrait me reprocher d’exagérer l’impact que peut avoir un candidat de droite, un candidat pas encore élu, d’un gouvernement pas encore formé, sur les politiques futures. Mais l’abandon dans la nouvelle plateforme du PQ de l’ajustement de la loi anti-scabs aux réalités de l’environnement numérique, rien que ça, nous donne un avant-goût du «peu» d’impact que peut avoir un candidat d’une telle importance dans le bricolage d’une plateforme électorale et, éventuellement, d’un agenda législatif. Même si madame Marois dément le lien entre PKP et l’abandon de cette promesse avec autant de force que PKP ne niait son saut en politique il y a à peine 20 jours.

On peut évidemment se convaincre que le PQ demeure le meilleur véhicule, le plus gros, le plus rassembleur, pour réaliser la souveraineté. Hier, des militants péquistes de gauche n’avaient pas encore eu le temps de gérer leur dissonance cognitive qu’ils étaient déjà en train de scander «un pays, après ça on verra». Après tout, QS, c’est pas vraiment sérieux, non? Comment un parti incapable de prendre le pouvoir pourrait-il nous donner la souveraineté, hein?

Voilà probablement la principale raison pour laquelle les souverainistes progressistes hésitent le plus souvent à voter pour Québec Solidaire. Compte tenu de la non-proportionnalité du scrutin qui défavorise les «petits partis», plusieurs électeurs estiment non seulement qu’un vote pour QS ne compte pas, mais que dans certains cas, il pourrait même avantager un parti fédéraliste en divisant le vote souverainiste. Ce cercle-vicieux électoral qu’aucun grand parti n’a réformé – bien que le PQ se soit engagé à le faire lors de son dernier cycle – n’est pas complètement sans issu. Les dernières élections fédérales l’ont démontré avec la vague orange du NPD.

Durant l’élection de 2011, les gens se sont mis à pencher du côté de Jack Layton quand ils ont constaté, par l’entremise des sondages, que leur vote progressiste ne serait peut-être pas complètement perdu : que l’option que leur dictait leur cœur avait peut-être des chances d’être entendue. Et ce fut le cas. Alors que le Québec n’avait jamais été particulièrement porté vers le NPD, la belle province a donné 58 députés à Jack Layton, soit 60% de la députation, et lui a permis de devenir l’opposition officielle.

Il ne manque donc vraiment pas grand-chose pour que Québec Solidaire puisse espérer une vague orange qui lui donnerait la balance du pouvoir ou même une opposition officielle. Ce dont le monde a besoin, pour voter Québec Solidaire, c’est de savoir qu’ils ne seront pas les seuls à le faire. Si j’étais Québec Solidaire, je mobiliserais ma base pour qu’elle réponde aux sondages.

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