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C’est (peut-être) Jean-François qu’il leur faut

Au moment d’écrire ces lignes, le député réélu Jean-François Lisée s’agite comme un poisson dans une flaque d’eau pas assez grande et publie frénétiquement un billet de blogue à l’heure (j’exagère à peine) pour expliquer la débâcle du Parti québécois. Le poing de PKP? Non. La stratégie identitaire? Non. La fervente déclaration de souveraineté de Mme Marois? Vraiment? Laissons-lui le temps de revenir à l’eau, de respirer un bon coup avec ses branchies de poisson et de reprendre ses esprits. Parce que c’est peut-être Jean-François Lisée qu’il faut au PQ pour naviguer vers des eaux moins troubles. Des trois vautours qui sont montés sur la scène pour picorer les restes de leur chef lundi soir, c’est certainement le moins pire choix.

Alors que certains intellectuels qui n’ont visiblement pas assez d’insight croient dur comme fer qu’il faut continuer à cogner sur le clou identitaire, d’autres plus lucides croient que les seuls clous que l’on enfoncera avec cette stratégie de repli sont ceux du cercueil du PQ. Avec les résultats de lundi, force est de constater que le parti souverainiste-quand-vous-serez-prêts a pris les gens pour des tatas, mais pas la bonne sorte de tatas : les tatas qui ont peur de l’Autre ont aussi peur de ce qu’ils ne connaissent pas, par exemple de l’indépendance. Érudit stratège, Jean-François Lisée est peut-être capable de cette réflexion-là. Dans les potinages de sous-réseaux sociaux, on raconte que l’ancien directeur du CERIUM n’était pas si favorable que ça à la charte, mais qu’il était prêt à «en prendre une pour l’équipe». On pourra peut-être y croire et s’en réjouir lorsqu’il sera sorti de sa mare et nous aura fait oublié son «Jefferson» moment d’égarement. On espère que d’ici-là, il aura aussi réfléchi au sens de son «nous».

Jean-François Lisée pourra aussi trouver la réponse à l’autre grande question qui taraude le PQ : on veut bien qu’il soit la belle grande coalition arc-en-ciel qu’il a toujours été, mais on s’entend que ce n’est pas avec PKP qu’on va «mettre la droite K.O.» En comparant leurs programmes, des chercheurs de l’Université Laval en venaient à la conclusion la semaine dernière que le PQ était rendu plus à droite que le PLQ. On n’a plus les joueurs de casseroles qu’on avait.

Trois aspirants-chefs se sont présentés à l’ultime mise en scène d’Yves Desgagnés lundi soir : un populiste à droite de l’échiquier identitaire, un pragmatique à droite de l’échiquier économique, et un intellectuel avec qui Françoise David pourrait peut-être considérer de s’asseoir. Des trois, la solution à la dérive du PQ – et au vieillissement de son membership – se trouve peut-être chez le dernier. À moins que Véronique Hivon décide de se présenter.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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